Le bail minier est dans la poche, la construction progresse et l'équipement minier est arrivé au site de La Corne, en Abitibi. À la fin de l'année, Canada Lithium Corp. (T.CLQ) devrait être en mesure de relancer les activités de la mine Québec Lithium, inactive depuis près de 50 ans. Tout va bon train, donc, sauf peut-être le prix de l'action.

Le titre de Canada Lithium Corp. se négocie à 41 cents à la Bourse de Toronto. Il avait flirté avec les 2$ en janvier 2011, et valait encore à 0,70$ en février dernier.

Au début du mois, l'analyste David Talbot, de Dundee Capital Markets, a réduit sa cible de prix de 0,90$ à 0,70$ tout en spécifiant qu'à son avis, «CLQ représente une occasion d'investissement convaincante aux prix actuels». «La réduction de notre prix cible est principalement due à la dilution plus importante que prévu du dernier financement», justifie l'analyste dans une note de recherche.

Investisseurs craintifs

De passage à Montréal jeudi dernier pour une présentation aux investisseurs, le président et chef de la direction de CLQ, Peter Secker, a expliqué que la société s'est en quelque sorte trouvée forcée de faire appel aux marchés à un moment où les investisseurs craignent le risque comme la peste et sont très réticents à miser sur les sociétés minières.

En février, Canada Lithium a négocié une ligne de crédit de 75 millions sur cinq ans avec la Banque Scotia et Caterpillar Financial Solutions, le tout garanti par Investissement Québec. Ce prêt est une composante-clé du financement pour la construction de la mine, dont le coût en capital est de 207 millions.

Or, les prêteurs ont demandé que Canada Lithium obtienne de l'argent additionnel, notamment pour assurer un fonds de roulement suffisant pour la prochaine année. La société s'est donc tournée vers les marchés le 1er mai pour mettre la main sur 30 millions. À ce moment, l'action valait 0,57$, mais elle a baissé dans les jours suivants, si bien que Canada Lithium a annoncé le 23 mai que le financement se ferait à seulement 0,36$. Il a donc fallu que la société émette plus d'actions (plus de 83 millions au total) pour aller chercher ses 30 millions, ce qui a entraîné une plus forte dilution.

Si le lithium est tellement en demande, notamment auprès des fabricants asiatiques de piles, «pourquoi ne pas avoir conclu un partenariat avec l'un d'eux pour qu'il finance le projet?», a demandé un investisseur présent à la présentation de Canada Lithium, jeudi. Un tel partenaire étranger aurait voulu acquérir une partie du projet, ce à quoi n'était pas prête la direction de société, lui a répondu le PDG Peter Secker. Celui-ci tient au caractère canadien et québécois du projet.

Projet bien engagé

Plus de 20% de la construction de la mine et de l'usine est complétée. Canada Lithium extraira 1,3 million de tonnes de minerai par année de sa mine à ciel ouvert située à 60 kilomètres au nord de Val-d'Or. Elle compte produire 20 000 tonnes de carbonate de lithium, très en demande pour son utilisation dans les piles de toutes sortes, notamment de véhicules électriques. Elle sera le quatrième producteur mondial, avec 12% du marché. La valeur actualisée nette du projet d'une durée de vie de 15 ans est de 190 millions US, avant taxes.

Canada Lithium étudie la possibilité de fabriquer d'autres produits à plus forte valeur comme de l'hydroxyde de lithium ou du lithium-métal. La production d'hydroxyde de lithium permettrait à Canada Lithium d'approvisionner la nouvelle usine de piles de la société Phostech, à Candiac. L'usine de Bathium Canada à Boucherville utilise quant à elle du lithium-métal.