Les cours des métaux précieux n'ont pas échappé cette semaine à la débâcle des marchés de matières premières, plombés de concert par des inquiétudes persistantes pour la zone euro et des spéculations croissantes sur une sortie de la Grèce de l'Union monétaire.

OR

Après un bref répit en début de semaine, le cours du métal jaune a rapidement fondu, abandonnant 4% en l'espace de deux séances pour tomber mercredi à 1533,70$ l'once, non loin des 1526,97$ enregistrés une semaine plus tôt, un niveau plus vu depuis fin décembre.

«Les métaux précieux continuent de pâtir des incertitudes sur la gestion de la crise en Europe», alors que s'avivent les inquiétudes sur la Grèce, ont observé les analystes de Barclays Capital.

Les investisseurs redoutent ainsi une victoire du parti de gauche radicale Syriza, favorable à une renégociation du plan de rigueur dicté au pays par ses créanciers, lors d'un scrutin législatif le 17 juin, qui pourrait selon eux précipiter la sortie de la Grèce de la zone euro et ébranler d'autres pays en difficulté, au premier rang desquels l'Espagne.

La réunion des dirigeants de l'Union européenne mercredi à Bruxelles «a contribué à peser sur le marché de l'or, puisqu'il n'a débouché sur aucune décision concrète et mis en lumière les différends entre Allemands et Français, alors que le prochain sommet européen sera le 28 juin, soit onze jours après l'élection en Grèce», a souligné Austin Kiddle, du courtier Sharps Pixley.

Dans ce contexte, l'or n'arrive plus à préserver son statut de valeur refuge.

«Les investisseurs se montrent attentistes» face au risque d'une escalade de la crise en zone euro, «mais se réfugier dans l'or pour échapper à la tempête serait un mauvais calcul, car le métal jaune évolue en fait aux antipodes du dollar», ont expliqué les analystes de Commerzbank.

En quête d'actifs jugés sûrs et liquides, les opérateurs préfèrent le marché obligataire (en particulier les obligations allemandes) et se tournent volontiers vers le billet vert, au détriment d'un euro sous forte pression.

Or, le renforcement du dollar, qui évolue à des niveaux plus vus depuis l'été 2010 face à l'euro, rend moins attractifs les achats de métaux précieux libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises.

Signe de la défiance des investisseurs, SPDR Gold Trust, le plus grand fonds d'or coté dans le monde a vu le niveau de ses participations dégringoler de 18 tonnes au cours de la seule séance de mardi, à 1265 tonnes, sa plus violente chute quotidienne depuis neuf mois.

Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé vendredi à 1569,50$ contre 1589,50$ le vendredi précédent.

ARGENT

Les cours du métal gris ont comme à leur habitude épousé les mouvements de l'or, lâchant jusqu'à 6% sur les trois premiers jours de la semaine avant de se reprendre quelque peu.

L'once d'argent a terminé vendredi à 28,24$ contre 28,48$ sept jours auparavant.

PLATINE/PALLADIUM

Les cours des métaux platinoïdes, dont le principal débouché est l'industrie automobile, continuent de souffrir d'un contexte économique mondial déprimé.

Le prix du platine a ainsi chuté mercredi à 1406,75$ l'once, son plus bas niveau depuis début janvier, tandis que le palladium est descendu vendredi à 584,38$ l'once, un niveau plus vu depuis fin novembre.

Le marché digérait par ailleurs le déclenchement d'un mouvement de grève dans la mine sud-africaine de Rustenburg, la plus grande mine de platine de la planète, entraînant une perte de production de 3000 onces par jour selon les analystes.

Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a terminé vendredi soir à 1423$ contre 1456$ une semaine auparavant.

L'once de palladium a fini à 590$, contre 605$ le vendredi précédent.