Quatre mois après l'annonce de la résiliation d'un des baux qui permet à Produits forestiers Résolu de produire de l'électricité au Saguenay, rien n'a bougé. Le gouvernement québécois n'a pas donné suite à la décision qui s'avère plus complexe que prévu à mettre en oeuvre et l'entreprise continue de plaider que Québec a agi «sans raison valable».

Résolu a rempli ses engagements en matière d'investissement, dans la région, a soutenu hier son grand patron, Richard Garneau, lors d'un entretien avec La Presse Affaires après l'annonce de résultats en baisse au premier trimestre.

Québec vient de reporter encore une fois le délai pour transférer les droits hydrauliques de la centrale Jim-Gray à Hydro-Québec ou à une autre organisation.

Comme la centrale fait partie d'un réseau, le gouvernement cherche un moyen de retirer à Résolu ses avantages énergétiques sans nuire au fonctionnement de ce réseau qui est aussi utilisé par Rio Tinto Alcan. Une des possibilités envisagées serait de saisir les profits estimés à entre 12 et 15 millions de dollars que retire Résolu de l'exploitation de la centrale, a indiqué une porte-parole du ministre Clément Gignac.

Ce nouveau délai reporté au 15 juin n'augure rien de bon, selon le porte-parole régional de l'opposition officielle, Sylvain Gaudreault. «Ça prouve que la décision du gouvernement de résilier le bail de la centrale Jim-Gray était improvisée», a-t-il commenté hier.

Dans l'intervalle, l'entreprise a tout le temps de laisser croire à la population que ses usines d'Alma et de Kénogami sont menacées par cette décision, selon lui.

Même si le gouvernement assure qu'il n'est pas question de redonner à Résolu les droits hydrauliques qu'il lui a retirés en décembre dernier, le député s'interroge sur l'objectif poursuivi.

Il rappelle que deux autres baux qui permettent à Résolu de produire son électricité au Saguenay sont échus, et que deux autres viendront à échéance en 2015.

«L'occasion est belle de mettre tout ça sur la table pour obtenir des garanties d'investissement de la part de Résolu», estime Sylvain Gaudreault.

Profits et ventes en baisse

En dépit des avantages énergétiques, Produits forestiers affiche au premier trimestre de 2012 des profits et des ventes en baisse par rapport à la même période de l'exercice précédent.

Le trimestre s'est soldé par un bénéfice net 23 millions (23 cents par action), comparativement à 30 millions (31 cents par action) un an plus tôt. Les revenus sont passés de 1,2 milliard à 1,1 milliard.

Pour s'ajuster à la faiblesse de la demande, Résolu a réduit sa production de près de 200 000 tonnes au cours du trimestre. «Avec de telles réductions, on ne peut pas s'attendre à des résultats exceptionnels», a commenté Richard Garneau.

Le grand patron de Résolu s'attend à de meilleures performances dans les mois à venir, notamment parce qu'il s'apprête à mettre la main sur le fabricant de pâte Fibrek, à la suite d'une prise de contrôle hostile.

L'action de Résolu a fini la journée à 12,44$, en baisse de 5%.