La course au premier baril de pétrole québécois va bon train. Et si tout va pour le mieux, le gagnant pourrait être couronné dès l'an prochain en Gaspésie.

Les deux principales sociétés pétrolières québécois, Junex et Pétrolia, creuseront toutes deux des forages l'été prochain afin de mieux connaître le sol. Dans le meilleur des scénarios, elles pourraient produire du pétrole de façon commerciale dès l'an prochain.

Pétrolia investira 8 millions de dollars à l'été pour forer son site près de Gaspé, où l'entreprise estime pouvoir récupérer éventuellement huit millions de barils. Pétrolia fait aussi des tests préliminaires sur deux sites entre Murdochville et Grande-Vallée. «Avec ces tests, nous serons capables de mieux calculer nos coûts de production et nous pourrons déposer un plan au gouvernement pour obtenir un bail de production», dit André Proulx, président de Pétrolia.

De son côté, Junex érigera quatre puits de forage à une vingtaine de kilomètres de Gaspé. «On travaille sur l'emplacement depuis 1988 et le projet est assez avancé, dit Jean-Yves Lavoie, chef de la direction de Junex. Si on est vraiment chanceux et qu'on trouve une zone avec un gisement important, il faudra faire d'autres tests. Mais qui sait, dans notre métier, on n'est jamais à l'abri d'une découverte...»

En théorie, Jean-Yves Lavoie peut revendiquer le titre du premier véritable producteur de pétrole québécois. Enfin presque. En 1992, une autre de ses entreprises a vendu environ 40 000 litres de pétrole gaspésien à Ultramar. «Une transaction inférieure à 4000$ et ça m'a coûté 2000$ pour le transport!», se rappelle-t-il.

Une «échographie» à Anticosti durant l'été

Cette fois-ci, Jean-Yves Lavoie pense être assis sur 250 millions de barils en Gaspésie. Si le pétrole gaspésien sera probablement le premier à sortir de la terre québécoise, ce sont surtout les réserves de l'île d'Anticosti qui intéressent les promoteurs pétroliers. Selon l'Institut économique de Montréal, ces réserves sont d'environ 40 milliards de barils à l'île d'Anticosti, comparativement à 250 millions de barils en Gaspésie.

Junex fera des tests sismiques durant l'été à l'île d'Anticosti afin d'évaluer le potentiel pétrolier du shale de Macasty. Les travaux, qui coûteront 5 millions de dollars, dureront un mois. «C'est comme une échographie de la terre. On utilise des vibrations ou des petites explosions», dit Jean-Yves Lavoie.

Si les tests menés l'été prochain s'avèrent concluants, Junex devra forer à la verticale en 2013 pour faire d'autres tests qui coûteront 15 millions de dollars. Puis en 2014, Junex devra fracturer les roches à l'aide de forages horizontaux pour faire les derniers tests avant la production. Or, ces fracturations de roches sont actuellement interdites par un moratoire du gouvernement du Québec.

Junex et Pétrolia espèrent que le moratoire gouvernement aura été levé en 2014. «Ne pas produire notre pétrole, c'est se cacher la tête dans le sable. Si on veut être conséquent et ne pas produire de pétrole, on devrait alors arrêter d'en consommer», dit Jean-Yves Lavoie, de Junex. «Nous ne pourrons jamais produire plus de 25% de notre consommation de pétrole, mais que vous soyez ou non en faveur du pétrole, vous n'aurez pas le choix d'utiliser cette source d'énergie au cours des 30 prochaines années», dit André Proulx, de Pétrolia.