Les ressources naturelles représentent une des solutions pour accroître les exportations canadiennes mais se contenter de pomper du pétrole ne suffira pas, a affirmé le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney.

Il a récemment critiqué les entreprises canadiennes pour ne pas avoir fait assez d'efforts pour pénétrer les marchés émergeants depuis la récession de 2008.

Selon M. Carney, les occasions pour exporter des ressources naturelles canadiennes abondent mais elles doivent être exploitées de façon rapide, efficace et... durable.

Dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne, le gouverneur de la Banque du Canada soutient qu'en raison de la concurrence mondiale, ces occasions doivent être exploitées efficacement.

M. Carney ajoute que les entreprises canadiennes doivent pouvoir compter sur le prix des ressources et une devise canadienne relativement forte à long terme. Elles peuvent alors mieux prévoir leurs dépenses et leurs revenus.

L'emploi du mot «durable» peut être surprenant dans la mesure où cela ne représente pas la principale préoccupation du gouvernement conservateur. Dans ses directives pré-budgétaires, le premier ministre Stephen Harper avait abandonné la notion de développement durable pour la remplacer par une exploitation «responsable» des ressources.

Mais pour profiter le plus possible de la situation internationale, l'industrie des ressources naturelles doit trouver des moyens pour obtenir un prix global pour ses produits, a soutenu M. Carney.

Pour l'instant, les consommateurs de l'Est du pays paient plus que ce qu'obtiennent les producteurs de l'Ouest pour des raisons de transport de l'essence et du mazout. En investissant dans les infrastructures et les pipelines, on peut réduire cette différence pour le bénéfice de tout le monde.

«Construire des infrastructures pour les ressources énergétiques nous aidera à nous débarrasser de cette différence», dit M. Carney.

Il recommande de garder un oeil ouvert sur les marchés émergeants qui recherchent des techniques et des produits leur permettant une meilleure utilisation de l'énergie.

«La demande marginale pour les ressources naturelles ne provient plus des États-Unis. Cela ne l'est plus depuis longtemps et cela ne le sera plus jamais.»

S'entendre sur des contrats à long-terme avec leurs clients pourrait aussi aider les exportateurs canadiens à réduire les risques reliés à l'instabilité des prix, poursuit-il.

Mais en bout de ligne, les exportateurs doivent réfléchir sur comment fonctionneront les lignes d'approvisionnements à l'avenir.

«Les lignes d'approvisionnement mondiales sont en transformation», dit M.Carney, qui estime que les entreprises canadiennes sont bien placées pour s'emparer d'une part importante des nouveaux réseaux commerciaux.

Les exportateurs doivent également s'entraîner à trouver les occasions d'affaires dans un plus vaste monde, et pas seulement aux États-Unis car, estime M. Carney, la demande américaine ne croîtra pas assez rapidement pour assurer la prospérité aux producteurs canadien.