Si les Québécois veulent tirer un plus grand profit des ressources naturelles, mieux vaut que l'État investisse dans les projets plutôt qu'augmenter les redevances, estiment les sociétés minières. En ce sens, elles perçoivent d'un bon oeil le budget Bachand et la création de Ressources Québec, qui disposera de plus d'un milliard pour investir dans le secteur.

«On estime qu'on a atteint un niveau raisonnable pour les redevances, dit Benoît Longchamps, économiste à l'Association minière du Québec (AMQ). Or, la population considère qu'elle n'en obtient pas assez. Que le gouvernement devienne actionnaire, qu'il participe au risque et éventuellement au rendement et qu'il ramène ainsi plus d'argent des mines pour l'État québécois, on trouve que c'est une meilleure façon de faire que d'augmenter les redevances.»

Eric Tetrault, directeur des communications et affaires publiques chez ArcelorMittal Mines Canada, parle aussi d'une situation d'équilibre pour les redevances, dans le contexte québécois.

Le Parti québécois n'est pas d'accord. La veille du budget, le critique de l'opposition officielle en matière de finances, Nicolas Marceau, a suggéré au ministre Bachand de prendre exemple sur le «courage» australien. L'Australie a instauré il y a 10 jours une taxe supplémentaire de 30% sur le surprofit dans les secteurs du fer et du charbon. Le PQ voudrait introduire une mesure semblable au Québec, sur toutes les substances.

Eric Tetrault s'inscrit en faux contre cette proposition. «Chaque fois qu'un pays bouge ou impose un fardeau économique supplémentaire, on se presse pour dire qu'il faut faire la même chose, déplore-t-il. Ça démontre une certaine incompréhension entre ce qui est exigé et ce qui est acceptable pour l'industrie.»

Pour M. Tétrault, on ne peut comparer le Québec et l'Australie. «L'Australie peut se montrer un peu plus gourmande en matière d'extraction de fer parce que le minerai est en meilleure concentration. Les coûts de production sont plus élevés, de même que les coûts de transport vers le marché chinois. Dans ce contexte, on incite à la prudence.»

Dans son budget 2010-2011, le gouvernement a fait passer les redevances de 12 à 16% des profits. Selon le ministère des Finances, elles devraient atteindre 355 millions en 2012-2013, et un total de 4 milliards dans la prochaine décennie. Les redevances sont basées sur les profits des entreprises, alors que plusieurs critiques souhaiteraient qu'elles soient calculées sur la valeur brute du minerai extrait.

Ressources Québec bienvenue

À la suite du budget 2012-2013, l'industrie salue la participation du gouvernement en tant qu'investisseur, via Ressources Québec. «On avait déjà dit qu'on était favorable, note André Lavoie, directeur des communications de l'AMQ. Il reste à avoir quelle forme cela va prendre.» Selon M. Lavoie, le budget reconnaît «la présence et la contribution des ressources naturelles dans l'économie du Québec».

L'Association de l'exploration minière du Québec (AEMQ) applaudit aussi. «La création de Ressources Québec, un fonds de 100 millions pour SOQUEM, la mise en oeuvre de composantes du Plan Nord et la création d'une grappe minière sont autant d'initiatives qui sauront contribuer à une plus grande stimulation de l'exploration sur tout le territoire du Québec», a déclaré le président Jean-Marc Lulin.

Les deux associations minières apportent quelques bémols. Entre autres, l'AEMQ est déçue de la réduction du crédit d'impôt pour l'exploration et craint une diminution des investissements privés à ce chapitre.