Les citoyens ne font pas confiance à leurs élus pour gérer et contrôler le développement minier, s'il faut en croire les participants de la «conversation publique» sur les mines tenue samedi à Montréal. Et s'ils ont sacrifié la moitié de leur week-end à partager des idées sur l'avenir minier du Québec, ils craignent fort de ne pas être écoutés par les décideurs.

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Une quarantaine de citoyens ont participé à l'étape montréalaise de la tournée panquébécoise de l'Institut du Nouveau Monde sur l'avenir minier. Ils étaient invités à échanger et proposer des idées autour des enjeux sociaux, environnementaux et économiques du développement minier.

Parmi celles-ci, notons la création d'un poste de commissaire ou de vérificateur consacré aux mines. Ou l'attribution de pouvoirs élargis à un Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) encore plus «apolitique», a suggéré un participant.

L'animateur de la journée, Yves Bourguignon, a bien résumé l'état d'esprit du groupe: ces propositions de «modes de contrôle extragouvernementaux» illustrent la crise de confiance entre les élus et les citoyens, du moins en ce qui concerne l'encadrement du développement minier.

Il a aussi été question de redevances régionales, d'une évaluation environnementale stratégique pour les mines, à l'instar du gaz de schiste, ou d'une plus grande participation des citoyens aux études d'impact. Même si le niveau de connaissance des participants variait, on discutait en profondeur et avec nuances, a constaté La Presse Affaires.

«C'est un vrai débat citoyen, pas un débat où des gens sont convaincus d'être détenteurs de la vérité», a noté Jean-Marc Lulin, président de l'Association de l'exploration minière du Québec et membre du comité consultatif de la démarche.

Sébastien Lavoie, enseignant au secondaire, a jugé important de participer au débat. Comme citoyen, il s'inquiète de la rapidité de la mise en oeuvre du Plan Nord. «De bonnes idées sont lancées aujourd'hui. Si elles peuvent être diffusées, ce sera un premier pas.» Mais tant M. Lavoie que d'autres citoyens craignent que le gouvernement n'écoute pas ce qui ressortira de leurs discussions.

«Ce que j'ai entendu jusqu'à maintenant dans la démarche est très réaliste et branché, souligne Suzann Méthot, directrice régionale pour le Québec de l'Initiative boréale canadienne, elle aussi membre du comité consultatif de la conversation publique. Cela démontre le besoin et la pertinence d'écouter les citoyens.»

«Mais pourquoi est-ce l'INM qui fait cette démarche? Pourquoi ce n'est pas le gouvernement qui a fait cela?» se demande Mme Méthot.