Hydro-Québec voulait augmenter ses tarifs de 1,7% cette année. La Régie de l'énergie lui impose plutôt une baisse généralisée de 0,5%, qui sera en vigueur à compter du 1er avril prochain.

Les tarifs d'électricité des Québécois baisseront donc pour la deuxième année de suite. L'an dernier, Hydro se serait contentée d'un gel, mais la Régie avait imposé une réduction de 0,4%.

Cette année, la Régie n'a pas cru les arguments d'Hydro à l'appui de sa demande d'augmentation, constate-t-on à la lecture de la décision rendue publique hier en fin de journée.

Par exemple, elle estime que les frais corporatifs réclamés par la division réglementée sont trop élevés de 3 millions. Elle estime aussi qu'Hydro-Québec n'était pas en droit de réclamer plus de revenus pour l'implantation de ses nouveaux compteurs, puisqu'elle n'a pas encore autorisé l'entreprise à remplacer ces compteurs.

Hydro justifiait la plus grande partie de la hausse qu'elle voulait par un changement aux règles comptables, soit le passage aux normes internationales d'information financière (IFRS). La Régie a accepté le changement, mais pas les dépenses qu'Hydro imputait à ce poste.

Au total, Hydro demandait à la Régie d'approuver des dépenses de 10,9 milliards pour 2012. Après avoir examiné chacun des postes, la Régie a enlevé 200 millions et approuvé un budget de 10,7 milliards.

La décision de la Régie fera bien des heureux, à commencer par les groupes d'intérêt qui ont participé aux audiences de la Régie de l'énergie et qui s'opposaient aux arguments d'Hydro, notamment au sujet du changement des règles comptables.

«On est très contents», a commenté hier Luc Boulanger, le porte-parole des grands consommateurs industriels d'électricité comme les alumineries, regroupés au sein de l'Association québécoise des consommateurs industriels d'électricité (AQCIE).

«C'est quand même important», estime Luc Boulanger, même si la réduction de tarifs ne s'applique qu'à une petite partie de l'électricité consommée.

Même réaction du côté de l'Union des consommateurs, qui se réjouit que la Régie ait scruté d'aussi près les revenus réclamés par Hydro-Québec pour finir par transformer la hausse demandée de 1,7% en une baisse de 0,5%. «C'est significatif, estime le porte-parole de l'Union des consommateurs, Charles Tanguay. C'est un signe que le processus réglementaire est quand même efficace.»

La baisse de tarifs de l'an dernier et celle de cette année ne fait pas une grosse différence sur la facture des Québécois parce qu'elle s'applique uniquement à la consommation qui dépasse le bloc dit patrimonial de 179 milliards de kilowattheures.

Le prix de ce bloc d'énergie est gelé à 2,79 cents le kilowattheure par le gouvernement depuis 2000.

Les deux baisses consécutives du prix de l'électricité ne sont qu'un petit répit puisque dans son budget de 2010, le gouvernement a décidé d'augmenter graduellement le prix du bloc patrimonial de 1 cent le kilowattheure à partir de 2014. Entre 2014 et 2018, le prix passera de 2,79 à 3,79 cents le kilowattheure.

Cette augmentation se traduira par une hausse de 3,7% par année pour les consommateurs québécois, à l'exception des grandes entreprises comme les alumineries, qui en sont exemptées.

La facture de ces gros consommateurs industriels continuera de varier selon les décisions de la Régie de l'énergie pour la partie de la consommation qui dépasse le bloc patrimonial, comme celle rendue publique hier.