Une douzaine d'importantes pétrolières canadiennes qui exploitent les sables bitumineux ont indiqué, jeudi, qu'elles partageront leur savoir-faire environnemental, écartant du même coup les problèmes de propriété intellectuelle et les autres barrières qui ralentissaient les progrès à ce chapitre.

Les 12 entreprises unissent ainsi leurs forces et reconnaissent qu'aucune d'entre elles n'a le «monopole des idées ou de la sagesse» en matière d'environnement, a souligné Steve Williams, chef de l'exploitation et bientôt pdg de la plus importante société d'énergie au pays, Suncor Energy [[|ticker sym='T.SU'|]].

Outre Suncor Energy, l'Alliance pour l'innovation dans les sables bitumineux (COSIA) regroupera aussi Imperial Oil [[|ticker sym='T.IMO'|]], Total E&P Canada, Cenovus Energy [[|ticker sym='T.CVE'|]], Shell Canada, Statoil Canada, Devon Canada, BP Canada, Teck Resources, Canadian Natural Resources [[|ticker sym='T.CNQ'|]], ConocoPhillips Canada et Nexen.

M. Williams a assuré que les entreprises demeuraient des concurrentes entre elles, et qu'elles poursuivraient leur lutte féroce sur le marché pour démarquer leurs produits. Mais lorsque viendra le temps d'aborder la question de l'environnement, elles ressortiront toutes gagnantes d'une alliance dans ce dossier, selon le futur patron de Suncor.

Le patron de la nouvelle COSIA, Dan Wicklum, a décrit l'organisation comme une plateforme de collaboration pour l'innovation, qui chapeautera des sous-comités dans quatre secteurs: l'eau, le sol, les gaz à effet de serre et les résidus - soit l'énorme quantité d'eaux usées toxiques issues du processus d'extraction des sables bitumineux. Ces déchets ont été abondamment ciblés par les écologistes.

M. Wicklum a expliqué que la COSIA élaborerait une structure juridique qui prévoira que les sociétés pourront garder la mainmise sur leur propriété intellectuelle, mais qu'elles pourront ensuite la partager.

Les entreprises pourront ainsi mieux comprendre les travaux menés par les autres sociétés membres de la COSIA, ce qui permettra d'éviter les efforts en double et de travailler à partir de leurs succès respectifs, a ajouté M. Wicklum.

La COSIA n'est toutefois pas une agence de financement et n'effectuera pas ses propres recherches, pas plus qu'elle ne misera sur les communications pour contrer les campagnes fortement médiatisées contre les sables bitumineux, une ressource qualifiée par ses détracteurs de «sale», a poursuivi M. Wicklum.

Au moins un groupe environnemental a applaudi à l'annonce de jeudi, le directeur exécutif de l'Institut Pembina, Ed Whittingham, ayant souligné qu'une telle initiative, certes tardive, était préférable à l'absence totale de mesures dans le domaine.

Du côté de Greenpeace, le représentant Keith Stewart a toutefois qualifié la démarche de la COSIA «d'écoblanchiment». Selon lui, il ne s'agit que d'une preuve supplémentaire que l'association des pétrolières ne fait que de vagues promesses plutôt que des engagements concrets à réduire leur pollution.