Le producteur d'or Agnico-Eagle, qui compte trois mines en Abitibi, a conclu «une année horrible» avec une perte de 600 millions US au quatrième trimestre.

La société torontoise, déjà frappée par l'arrêt forcé des activités de la mine abitibienne Goldex, en octobre, a revu le plan de production de sa plus importante mine en raison de «coûts d'exploitation systématiquement élevés». Cela l'oblige à radier 645 millions à son bilan.

En conférence téléphonique avec les analystes, le président et chef des opérations sortant, l'Abitibien Eberhard Scherkus, a parlé d'une «année horrible». M. Scherkus, grand responsable de la croissance d'Agnico, quitte d'ailleurs son poste de direction, tout comme le vice-président, Canada, Paul-Henri Girard. Sean Boyd, vice-président du conseil et chef de la direction, reprend le poste de président qu'il avait occupé de 1998 à 2005.

Agnico connaît sa part de difficultés avec la mine Meadowbank, lancée en mars 2010 au Nunavut. L'augmentation de la cadence depuis l'ouverture n'a pas permis de réduire significativement les coûts de production. La société a donc revu son plan de match. Elle traitera 36% moins de minerai que prévu et la durée de vie de la mine est réduite de trois ans, jusqu'en 2017. Les coûts demeureront élevés à court terme, à plus de 1000$ l'once.

En excluant les éléments exceptionnels, Agnico enregistre un bénéfice net de 76,2 millions (0,45$ par action) au quatrième trimestre, légèrement en dessous des attentes des analystes (0,47$ par action).

Pour l'ensemble de l'année 2011, Agnico enregistre une perte nette de 569 millions (3,36$ par action), contre un bénéfice de 332 millions en 2010. Elle a produit un peu moins de 1 million d'onces d'or.

En 2012, Agnico-Eagle anticipe une production de 875 000 à 950 000 tonnes, à un coût moyen de 690 à 750$ l'once. Les nouvelles prévisions de production sont résolument plus conservatrices pour les trois prochaines années: 21% et 13% de moins à LaRonde et Lapa, en Abitibi, 27% de moins à Meadowbank. À Goldex, les opérations sont suspendues indéfiniment en raison d'un affaissement de la masse rocheuse.

Le titre d'Agnico-Eagle (AEM) a plongé de 6,2% à l'ouverture de la Bourse de Toronto avant de remonter jusqu'à 36,57$, un gain final de 7,2%. Les 21 analystes sondés par Bloomberg sont divisés sur le titre. Si 10 en recommandent l'achat, 10 autres suggèrent de le conserver et le dernier recommande de vendre.

David Haughton, de BMO Marchés des capitaux, propose de conserver. «Les objectifs opérationnels sont maintenant plus réalistes, mais l'entreprise doit encore définir un modèle pour les atteindre, écrit-il dans une note de recherche. À long terme, la croissance interne peut représenter un potentiel de hausse, une fois que les enjeux opérationnels actuels seront résolus. Nous préférons Goldcorp pour la croissance.»

Barrick sous les attentes

Le numéro un mondial Barrick Gold a quant à lui déclaré des profits nets de 959 millions US (0,96$ par action) au quatrième trimestre, un résultat sensiblement identique à celui de la même période l'année précédente. En excluant les éléments exceptionnels, le bénéfice de 1,17$ par action était 9 cents sous les attentes des analystes. Barrick avertit que sa production pourrait décliner en 2012, ou au mieux connaître une très légère hausse. Le titre (ABX) a pris 1% hier, à 48$.