Les prix du pétrole se repliaient lundi en fin d'échanges européens, pénalisés par les inquiétudes persistantes sur la situation de la zone euro, qui prenaient le pas sur les incertitudes relatives à l'offre d'or noir, sur fond de grève au Nigeria et de tensions sur l'Iran.

Vers 12H15 (heure de Montréal), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février s'échangeait à 112,31 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 75 cents par rapport à la clôture de vendredi.

Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance perdait 96 cents à 100,60 dollars.

«Vendredi, le regain de tensions autour de l'Iran avait largement contribué à atténuer l'effet de mauvais indicateurs sur l'emploi et les ventes de détail en zone euro (...) mais lundi, les regards se tournent à nouveau vers la situation en Europe avec la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel», commentaient les analystes du cabinet viennois JBC Energy.

À l'issue de leur rencontre, le président français et la chancelière allemande ont notamment dit souhaiter que le projet de révision des traités européens prévoyant le renforcement de la discipline budgétaire soit signé «pour le 1er mars», mais sans parvenir à rasséréner les opérateurs.

«Après une énième rencontre politique, la question demeure de trouver une solution durable à la crise de la dette. Tant que ce ne sera pas clairement le cas, l'aversion pour le risque continuera de prospérer, et les investisseurs se détourneront des matières premières», observait Harry Tchillinguirian, analyste de BNP Paribas.

Les marchés restaient certes aidés par la perspective d'un embargo de l'Union européenne (UE) sur le pétrole iranien, «mais comme les principaux importateurs en Europe sont la Grèce, l'Italie et l'Espagne», ce sont les pays les plus fragiles de l'Union monétaire qui souffriront le plus de cet embargo, ajoutait Michael Hewson, du courtier CMC Markets.

Par ailleurs, une nette montée des prix en raison de l'embargo européen n'est nullement acquise, estimaient certains analystes.

Ainsi, pour le cabinet suisse Petromatrix, les récentes fermetures ou interruptions momentanées de raffineries en Europe (Petroplus, ou Repsol en Espagne) devraient entraîner une diminution de la demande européenne de pétrole brut, qui pourrait s'approcher du volume manquant des importations iraniennes.

Les investisseurs continuaient cependant de scruter la montée des tensions au Moyen-Orient.

Les États-Unis ont prévenu dimanche qu'ils répondraient par la force si l'Iran cherchait à bloquer le détroit d'Ormuz, passage stratégique par lequel transite 35% du trafic maritime pétrolier mondial.

«Face à l'escalade permanente de la crise iranienne, les prix restent soutenus (...) et la grève générale qui vient de commencer au Nigeria apporte un nouvel appui aux cours du baril, car elle pourrait perturber les approvisionnements» du premier pays producteur africain, notaient les experts de Commerzbank.

Une grève générale était organisée lundi au Nigeria, avec des manifestations de masse contre la récente augmentation des prix du carburant dans le pays.