Malgré la controverse que suscite l'uranium, les fonds d'investissement publics appuient des sociétés qui cherchent ou mettent en valeur des gisements du métal radioactif sur le territoire québécois.

Le 29 décembre dernier, le fonds d'investissement SIDEX, commandité par le gouvernement du Québec et le Fonds de solidarité FTQ, a consenti un prêt transitoire de 3 millions de dollars à un taux d'intérêt annuel de 8% à Ressources Strateco, qui développe le projet d'uranium le plus avancé au Québec. En contrepartie, SIDEX obtient 500 000 bons de souscription de Strateco (RSC à la Bourse de Toronto) au prix de 75 cents l'action, qui se négociait à 43 cents en fin de journée hier. En 2010, SIDEX avait consenti deux prêts semblables à Strateco, pour une somme totale de 6,25 millions.

Le plus récent prêt de SIDEX survient quelques jours après la conclusion d'une entente sur l'information et la communication entre Strateco et les Cris de Mistissini. Cela pourrait préparer le terrain aux autorisations gouvernementales pour le programme d'exploration souterrain de Strateco, même si les Cris s'opposent toujours à l'exploitation éventuelle d'une mine d'uranium sur leur territoire.

Pour SIDEX, une entente était un prérequis pour le prêt. «L'acceptabilité sociale fait partie de nos critères de sélection, soutient la directrice aux investissements, Isabelle Cadieux. Dans le cas de Strateco, ce qui était important pour nous, c'est qu'il y ait une entente signée. Sans entente, il n'y aurait pas eu de prêt.»

Ce n'est pas la première fois que SIDEX (Société d'investissement dans la diversification de l'exploration) soutient des projets uranifères. Entre 2005 et 2010, SIDEX a effectué 14 investissements associés à l'uranium, pour un total de quelque 4 millions, en excluant les prêts et l'exercice de bons de souscription. La liste, mise à jour en août 2011, inclut un investissement de 402 000$ en 2006 dans Uracan Resources, dont les travaux en Basse-Côte-Nord suscitent toujours la grogne de plusieurs citoyens de la région.

SIDEX, fondée en 2001 pour favoriser la diversification de l'exploration, est dotée d'un fonds de 50 millions, dont 35 millions proviennent du ministère des Finances du Québec, et 15 millions du Fonds de solidarité.

De son côté, le fonds Sodémex, dont le seul commanditaire est la Caisse de dépôt et placement du Québec, détenait un peu plus d'un million d'actions de Strateco au 31 décembre 2010. Sodémex possédait aussi 3,4 millions d'actions de Dios et 937 445 actions d'Azimut, deux sociétés qui recherchent notamment, mais pas exclusivement, de l'uranium. Le fonds possède aussi des participations dans des entreprises qui ont déjà cherché de l'uranium, mais dont l'attention se porte aujourd'hui sur d'autres métaux.

Le Fonds de solidarité FTQ - qui n'est pas un fonds public - affichait dans son bilan du 31 mars 2011 un investissement de 15 000$ dans Strateco, de même que 347 000$ dans Azimut et 184 000$ dans Dios. Le Fonds ne précise pas s'il s'agit de capital-actions, de titres de dette, ou d'un mélange des deux.