Privée de 30% de sa capacité de production au Québec, Rio Tinto Alcan se retrouvera avec des surplus d'électricité qu'elle pourra toutefois revendre à profit à Hydro-Québec.

L'entente conclue par le gouvernement du Québec, qui permet à l'entreprise de produire l'électricité dont elle a besoin, prévoit également qu'Hydro-Québec doit racheter les éventuels surplus à un prix convenu d'avance.

Le conflit de travail qui oppose Rio Tinto Alcan et les employés de l'usine d'Alma a forcé l'entreprise à réduire la production de cette usine des deux tiers. Les surplus d'électricité qui en résulteront, estimés à 500 mégawatts, seront revendus à Hydro-Québec.

«On va respecter nos ententes», a confirmé le porte-parole d'Hydro, Guy Litalien. Selon lui toutefois, le rachat des surplus de Rio Tinto est encore «prématuré», puisque la réduction de la production de l'usine d'Alma vient de survenir.

Rio Tinto Alcan a commencé par réduire d'un tiers la production à Alma après avoir décrété un lock-out à l'usine le 1er janvier. Le lendemain, l'entreprise a annoncé la réduction d'un autre tiers et la poursuite des activités à ce niveau de production pour toute la durée du conflit.

Ce sont 224 cadres et employés non syndiqués qui assurent la production normalement sous la responsabilité de 755 syndiqués.

L'usine d'Alma est la plus grosse et la plus moderne des usines de Rio Tinto Alcan au Québec. Sa capacité de production de 438 000 tonnes a été réduite à 146 000 tonnes en raison du conflit. L'entreprise estime que le conflit lui coûte 1 million de dollars par jour.

Aucune des autres usines Rio Tinto Alcan n'est en mesure d'augmenter la production pour compenser, a fait savoir hier le porte-parole de l'entreprise, Brian Tucker. Rio Tinto doit même composer avec une autre perte de production de 50 000 tonnes à son usine de Shawinigan, qui a été à demi paralysée par le bris d'un disjoncteur survenu le 29 décembre.

Au total, Rio Tinto Alcan a donc perdu 30% de sa capacité de production au Québec et a dû se résoudre à invoquer la force majeure pour justifier le non-respect de ses engagements envers ses clients. Rio Tinto Alcan est aussi propriétaire d'une partie de la production de l'Aluminerie Alouette, à Sept-Îles, et de l'Aluminerie de Bécancour.

Le conflit à Alma ne porte par sur les salaires et les conditions de travail, mais sur le recours à la sous-traitance qui permettrait à l'entreprise de diminuer ses coûts.

Rio Tinto Alcan est en perpétuelle restructuration depuis qu'elle est devenue une filiale du géant minier Rio Tinto en 2007. Après avoir réduit sa production d'aluminium et gelé tous les projets d'expansion dans ce secteur pour répondre à la crise économique et financière de 2008, Rio Tinto a revendu des filiales d'Alcan pour réduire la dette contractée pour en faire l'acquisition.

Récemment, l'entreprise a annoncé la vente ou la fermeture de 13 autres usines de sa division aluminium, dont la rentabilité est jugée insuffisante. Des charges de 5 milliards résultant de cette décision devraient plomber les résultats de l'exercice qui vient de se terminer, a prévu la Deutsche Bank dans un rapport.