Le producteur d'amiante Lab Chrysotile a annoncé mercredi qu'il déclarait faillite, mettant encore davantage en péril les emplois de 350 travailleurs déjà au chômage.

Il ne s'agirait que d'une étape nécessaire avant la relance des activités, plaide toutefois le dirigeant de l'entreprise de Thetford Mines. La plupart des emplois devraient être sauvés, a laissé entendre Simon Dupéré.

«On n'était pas une opération «surstaffée» à ce que sache. Est-ce que ça va être un petit peu plus? Est-ce que ça veut dire un petit peu moins? Ça va dépendre de ce qu'on opère, ça va dépendre du plan d'affaires», a-t-il fait valoir en entrevue téléphonique.

Selon l'homme d'affaires, la situation financière actuelle de l'entreprise ne lui permet plus de poursuivre ses activités. L'arrêt de production de sa mine Lac d'amiante du Canada, en novembre dernier, faisait en sorte que les factures s'accumulaient sans source de revenus pour s'en acquitter.

Selon M. Dupéré, cette faillite serait une étape nécessaire pour repartir sur des bases solides.

«On a un problème de structure, on a un problème de coûts fixes et c'est ce qu'on a réglé avec (la faillite)», a-t-il expliqué.

«Maintenant on va parler à tous les intéressés, on va voir comment on va de l'avant et comment on fait pour relancer le projet.»

Lab Chrysotile avait annoncé à l'automne dernier la suspension de ses activités à sa mine de Lac d'amiante, à Thetford Mines, où elle comptait alors quelque 350 travailleurs. La société minière affirmait notamment qu'elle devait vérifier s'il serait possible d'avoir accès au minerai disponible sous l'ancienne route 112, ce qui permettrait une reprise de la production en 2013.

Jusqu'à sa fermeture, Lac d'amiante du Canada était l'une des deux seules mines de l'industrie encore en activité. La mine Jeffrey, à Asbestos, est maintenant en fermeture temporaire.

La faillite de l'entreprise est une mauvaise nouvelle pour les employés, mais l'éventualité d'une relance se présente comme une lueur d'espoir, selon leur porte-parole syndical.

Gordon Ringuette, du syndicat des Métallos, a ajouté qu'il s'attendait à voir l'employeur profiter de cette faillite pour tenter de diminuer ses coûts de main-d'oeuvre.

«On s'attend à ce qu'on nous demande encore des concessions. Lui parle d'un modèle économique qui est rendu trop cher ou pas rentable», a-t-il affirmé.

«J'aimerais quand même faire remarquer que les travailleurs, en 2005, à la dernière négociation de convention collective, ils ont laissé 25 pour cent de concessions monétaires sur la table. Vingt-cinq pour cent de concessions sur les salaires, sur les paies de vacances, sur les avantages sociaux, c'est énorme.»

Selon le porte-parole syndical, les employés connaissaient les difficultés de l'entreprise, mais ont tout de même été surpris d'apprendre que leur employeur s'apprêtait à déposer son bilan.

Le maire de Thetford Mines s'est lui aussi dit étonné par cette nouvelle.

«Jamais, quand on a eu l'occasion de discuter avec l'entreprise, il a été question d'une faillite éventuelle, donc ça nous prend par surprise, a affirmé Luc Berthold à une station de radio locale. On souhaite obtenir des précisions et des explications de la part du président de l'entreprise le plus rapidement possible.»

Une réunion du comité de relance de l'entreprise devrait avoir lieu dès la semaine prochaine, a-t-il ajouté.

Déjà il y a quatre ans, une note interne du gouvernement fédéral laissait entendre que la mine d'amiante était à l'agonie, si bien que l'industrie controversée pourrait tout simplement mourir de sa belle mort.

La note de service du ministère fédéral des Ressources naturelles, datée de février 2008 et obtenue grâce à la Loi d'accès à l'information, estimait que la vie de la mine Lac d'amiante du Canada pourrait se terminer au début 2012.

Selon la Société canadienne du cancer, plus de 100 000 personnes meurent dans le monde chaque année en raison de l'exposition à l'amiante et de plus en plus d'experts de la santé unissent leur voix pour demander au Canada de cesser l'exportation du minerai.

Mais ces avertissements n'ont pas changé la position d'Ottawa, qui défend bec et ongle l'industrie.

Le gouvernement du Québec n'a pas souhaité commenter la nouvelle. Le ministre Laurent Lessard, responsable de la région de Chaudière-Appalaches où est située la mine de Lab Chrysotile, n'était pas disponible pour une entrevue. Un attaché de presse du ministre délégué aux Ressources naturelles, Serge Simard, a fait valoir qu'il s'agissait d'une décision d'entreprise.