Si les dernières années ont été celles de l'or, la prochaine décennie pourrait bien être celle du diamant. La production mondiale ne suffira vraisemblablement pas à combler l'appétit grandissant des Indiens et des Chinois pour la plus prestigieuse des pierres, dont le Canada est le troisième producteur mondial.

Le marché mondial du diamant était à l'équilibre en 2010, avec une demande à peu près équivalente à la production de 133 millions de carats. Dans un rapport exhaustif publié au début du mois, la firme de consultants Bain & Company anticipe toutefois que la demande croîtra deux fois plus vite que l'offre pour atteindre 247 millions de carats en 2020, contre une offre de 175 millions de carats.

Dans ce contexte, les hausses de prix sont inévitables. Déjà, le prix des diamants bruts a grimpé d'environ 24 % en 2011. Il devrait encore progresser de 9 % en 2012, puis de 1,4 à 4,8 % par année jusqu'en 2016, d'après l'analyste Edward Sterck, de BMO Marchés des capitaux.

L'Inde et la Chine sont les grands responsables de l'explosion de la demande. En Chine, l'expansion de la classe moyenne entraîne l'éclosion d'un nouveau marché pour les produits de luxe. Chez les Indiens, énormes consommateurs de bijoux en tous genres, mais spécialement en or, les joailliers sont forcés de réduire l'utilisation du métal jaune en raison des prix trop élevés qui découragent les acheteurs.

«Ils compensent en utilisant davantage de diamants ou d'autres pierres précieuses, la seule façon de convaincre les Indiens d'acheter un bijou avec une pureté d'or moins élevée qu'à l'habitude», affirme le secrétaire de la Bourse du diamant du Gujarat, cité par le site spécialisé mineweb.com.

Tant et si bien qu'en 2011, les ventes de diamants ont augmenté de 50% dans le pays au milliard d'habitants, même si le prix de la pierre a aussi grimpé de façon importante. L'Inde est déjà le principal joueur mondial dans l'industrie de la taille. Des projets de nouvelles mines sont en cours, dont le plus important est situé dans les Territoires du Nord-Ouest, mais tout nouvel approvisionnement du marché sera annulé par la baisse de production des mines arrivées à maturité, selon un analyste de Finam Investment cité par l'agence Bloomberg.

Contrairement à l'or, il n'y a pas de cours officiel pour le prix du diamant. Les prix sont déterminés sur la base de la qualité de chaque pierre. En même temps, le marché diamantaire n'est pas affecté comme l'or par une «demande artificielle» associée à la protection contre l'inflation ou les chocs économiques. Ce sont encore les aspects fondamentaux de l'offre et la demande qui soutiennent le prix.

En 2010, le Canada a fourni 21,6 % de la valeur de la production mondiale de diamant, grâce aux quelque 11,8 millions de carats sortis des quatre mines du pays. Le pays est donc bien placé pour profiter de la hausse des prix. Le contexte est également favorable pour BHP Billiton, qui évalue la possibilité de se départir de sa participation de 80 % dans la mine Ekati, dans les Territoires du Nord-Ouest.

Au Québec, Stornoway Diamond Corporation pourrait lancer sa mine Renard au milieu de la décennie et ajouter quelque 1,7 million de carats à la production annuelle canadienne.

La petite Bourse du diamant du Canada, qui a ouvert ses portes il y a à peine deux ans, veut aussi de se positionner pour le boom de la demande chinoise. Cet automne, elle a ouvert un bureau de liaison à la Bourse du diamant de Shanghai pour offrir à ses membres un meilleur accès au marché chinois.

Avec Bloomberg, mineweb.com et Indian Express