Cheveux longs, moustache et barbichette, le Canadien originaire de Hong Kong Sandy Chim rencontre La Presse Affaires dans le bar d'un hôtel montréalais, avec une attitude tout à fait décontractée malgré les plans milliardaires qu'il souhaite concrétiser à pleine vitesse. Car, c'est par son entremise, entre autres, que les Chinois comptent mettre la main sur beaucoup plus de fer québécois pour nourrir leurs aciéries.

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Le groupe sidérurgique WISCO, déjà acheteur d'une bonne partie du fer de la mine du lac Bloom et partenaire d'Adriana Resources dans le mégaprojet du lac Otelnuk, a pris une position importante dans les projets québécois de la société junior que dirige Sandy Chim, Century Iron Mines [[|ticker sym='T.FER'|]].

L'entreprise torontoise, dont M. Chim détient environ 15% des actions, a trois projets importants au Québec: un à la Baie-James (Duncan Lake, avec Ressources minières Augyva), et deux au nord de Schefferville (Attikamagen, avec Champion Minerals, et Sunny Lake). Tous sont à des stades préliminaires, mais le plan de développement de Sandy Chim est audacieux, c'est le moins qu'on puisse dire. Duncan Lake, près de Radisson, pourrait être lancé dès 2015. «On veut avancer les projets à grande vitesse, dit-il sans détour. On a suffisamment de ressources financières pour le faire.»

Il est trop tôt pour connaître les coûts précis, mais il est question de grands projets avec des usines de bouletage. Sandy Chim n'hésite pas à parler d'une fourchette de 10 à 15 milliards de dollars d'investissements.

Le choix du fer

Actif en Chine et à Hong Kong, l'homme d'affaires a fait le choix du fer il y a sept ans, estimant que c'était le meilleur moyen de tirer profit de la croissance chinoise.

«Seulement propulsé par l'offre et la demande, à l'abri de la spéculation, le marché du fer présente un risque plus faible, explique-t-il. En plus, les sociétés ne peuvent pas vraiment stocker de grandes quantités de fer quand les prix sont faibles.»

Sandy Chim a créé Century Iron Mines en 2007 avant de l'inscrire au TSX Croissance (FER) en 2010.

WISCO a pris une participation de 25% dans la société, tandis que Minmetals, autre société d'État chinoise, a acquis 5%. WISCO a aussi acquis une part directe de 40% des trois projets québécois de Century. Si les projets se concrétisent, les deux groupes chinois accapareraient environ 70% de la production.

Century Iron Mines aura toutefois besoin d'infrastructures pour arriver à ses fins. Pour Duncan Lake, il faudrait vraisemblablement un port pour expédier les boulettes.

Plan Nord

Sandy Chim, qui vient d'attirer Marcel Aubut à la tête du conseil d'administration, confirme avoir commencé à parler avec le gouvernement pour voir comment ses projets pourraient tirer profit du Plan Nord. Il a rencontré Jean Charest à Pékin à la fin août à l'occasion de la signature du partenariat entre Century et WISCO. Il reste toutefois très prudent, entre autres quand on lui demande si Century pourrait contribuer au financement.

«On regarde le port que le gouvernement veut construire à Kuujjuarapik, souligne-t-il. On pourrait étudier un scénario qui servirait nos intérêts mutuels.»

En parallèle, Sandy Chim est actionnaire et membre du conseil d'administration de Prosperity Minerals Holdings, cotée à la Bourse de Londres et dirigée par un associé de longue date, David Ben Koon Wong (aussi membre du conseil de Century). Prosperity fait le commerce du minerai de fer au bénéfice de clients chinois. Elle a des ententes d'approvisionnement avec Blackrock Metals, qui développe un projet près de Chibougamau, et avec Century Iron Mines. Comme quoi le fer trouve toujours la route de la Chine, et que Sandy Chim l'a bien compris.