L'usine d'alumine et de terres rares que veut construire Orbite Aluminae (T.ORT) en Gaspésie rapportera des milliards de dollars, révèlent les premières données économiques dévoilées hier matin. Au lieu d'observer la réaction des investisseurs, la direction d'Orbite a toutefois passé la journée à s'expliquer avec les autorités boursières qui ont suspendu toute activité sur le titre.

La société montréalaise avait annoncé vendredi, après la fermeture des marchés, qu'elle publierait mardi matin l'évaluation économique préliminaire (EEP) pour l'usine principale de son projet de Grande-Vallée. Anticipant de bonnes nouvelles, les investisseurs ont propulsé le titre (ORT à Toronto) de 17% lundi, à 2,95$.

Les résultats de l'évaluation paraissent leur donner raison. Orbite générera un bénéfice avant impôts, intérêts et amortissements de 572 millions par année en moyenne pendant les 25 premières années du projet. Le retour sur investissement se fera en moins d'un an, l'investissement initial requis étant de moins de 500 millions. Sur 25 ans, la valeur actuelle nette du projet est de 7,7 milliards.

À l'ouverture des marchés hier, l'Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM), au nom de la Bourse de Toronto, a demandé l'arrêt des transactions au moment où l'action bondissait de 10%. Toutes les transactions ont été annulées.

Les géologues de l'OCRCVM ont demandé à Orbite des détails supplémentaires sur l'EEP. Orbite a publié sa réponse officielle en fin de journée, de sorte que les transactions reprendront ce matin. Le prix de clôture d'hier est donc resté à 2,95$.

«Rien ne change dans le communiqué de l'EEP», a précisé à La Presse Affaires le président et chef de la direction, Richard Boudreault, au terme de sa journée rocambolesque.

Un projet de terres rares

Orbite a dû préciser les teneurs de chacun des éléments de terres rares (dysprosium, yttrium, néodyme, etc.) et de métaux rares (gallium) qui se trouvent dans l'argile qu'elle veut exploiter. Car si l'alumine est à l'origine du projet d'Orbite, les terres rares représentent désormais un pilier du projet. Ces éléments rapporteront des revenus annuels de près de 400 millions, comparativement à 230 millions pour l'alumine.

Orbite Aluminae a mis au point un nouveau procédé d'extraction et de production d'alumine métallurgique à partir d'un gisement d'argile de Grande-Vallée. Elle a prouvé que l'alumine ainsi générée pouvait se transformer en aluminium.

L'évaluation dévoilée hier porte sur la mine et l'usine d'envergure qui permettra la production d'alumine destinée au marché de l'aluminium. L'étude de faisabilité est déjà en cours et devrait être dévoilée aussi rapidement qu'au premier semestre de 2012, pour une mise en production prévue à la fin de 2013.

Entre-temps, Orbite Aluminae transformera son usine-pilote de Cap-Chat pour y produire, à partir de l'été 2012, une alumine de haute pureté destinée à la haute technologie. Le coût de cette transformation est d'environ 15 millions et permettra à Orbite d'engranger des premiers revenus.

Richard Boudreault et la direction d'Orbite entament également le démarchage auprès des grands transformateurs de terres rares. La société n'a pas encore décidé si elle allait chercher un partenaire en bonne et due forme, mais «c'est quelque chose qu'on considère», a indiqué M. Boudreault.

Orbite a repoussé d'une journée une conférence avec les analystes, qui aura lieu ce matin. Les quatre analystes qui suivent le titre d'Orbite sont très optimistes, avec des cibles variant entre 8$ et 13,50$.