Le «big bang» dans l'exploitation du fer dans la Fosse du Labrador mènera tôt ou tard à la saturation des chemins de fer reliant les mines au port de Sept-Îles. Si la vigueur du secteur reste intacte, il faudra inévitablement bonifier les infrastructures ferroviaires.

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Dans une présentation hier au congrès Québec Exploration, Denis Blackburn, ingénieur à la direction générale du développement de l'industrie minière au ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF), a clairement indiqué qu'il y avait là un problème à prévoir compte tenu du «big bang» à prévoir après 2014.

Avec l'expansion des acteurs actuels et l'arrivée de nouveaux producteurs, il y aura à terme «bien au-delà» de 100 millions de tonnes de fer qui sortiront chaque année de la Fosse du Labrador (comparativement à moins de 50 millions en 2011), selon M. Blackburn. Le vice-président au développement de Champion Minerals, Jeff Hussey, avance même le chiffre de 200 millions de tonnes. Comment acheminer toutes ces tonnes au sud?

Les nouveaux producteurs ne peuvent pas utiliser le chemin de fer privé d'ArcelorMittal entre Fermont et Port-Cartier. Ne reste que le Quebec North Shore&Labrador (QNS&L), auquel le propriétaire, IOC, doit obligatoirement donner accès à ses concurrents. Or, observe Denis Blackburn, le point de saturation du QNS&L est autour de 80 millions de tonnes. Le chemin de fer Tshiuetin, un tronçon de plus de 200 kilomètres qui connecte Schefferville avec le QNS&L, a une capacité d'environ 15 millions de tonnes. Ce n'est pas suffisant pour répondre à la demande.

Tata Steel Minerals Canada (Schefferville) envisage d'éviter le problème en construisant un «ferroduc» de 750 kilomètres. Adriana Resources - qui veut produire pas moins de 50 millions de tonnes annuellement entre Schefferville et Kuujuaq - prévoit pour l'instant construire son propre chemin de fer de 815 kilomètres et 2,65 milliards sans passer par le Labrador, ce qui lui éviterait de devoir partager le chemin de fer.

En même temps, le Plan Nord entretient beaucoup d'espoir chez les sociétés minières, qui ne cessent de rappeler que le gouvernement s'est engagé à investir dans les infrastructures de transport.

Une autre idée qui circule est de créer une boucle avec le QNS&L et le chemin de fer d'ArcelorMittal, ce qui permettrait une meilleure fluidité et par le fait même une capacité de transport accrue. Pour y arriver, il faudrait construire un court tronçon à Fermont et un autre entre Sept-Îles et Port-Cartier. Cela demanderait une intervention gouvernementale pour forcer ArcelorMittal à partager son chemin de fer et convaincre IOC de relier le sien. Ne resterait plus aux nouveaux acteurs qu'à se connecter à cette boucle.

Du côté du cabinet du ministre des Ressources naturelles, Clément Gignac, on a indiqué à La Presse Affaires qu'il n'y a pas de problématique pour l'instant, et donc pas de projet précis dans les cartons.