Le baril de pétrole a fini sur une importante chute jeudi à New York, repassant sous le seuil symbolique des 100$ US sur fond d'inquiétude persistante en Europe où l'Espagne a emprunté à un taux record.

Le baril de «light sweet crude» pour livraison en décembre a cédé 3,77$ à 98,82$ sur le New York Mercantile Exchange. Il avait atteint la veille son plus haut niveau en cinq mois.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a fini à 108,22 dollars sur l'Intercontinental Exchange, en baisse de 4,17$ par rapport à la clôture de mercredi.

«La hausse est terminée pour le moment, c'est un retournement classique», a commenté John Kilduff, d'Again capital.

«La situation en Europe a repris le dessus et de plus il y a eu beaucoup de prises de bénéfices, techniquement les cours ne pouvaient pas garder ce niveau», a-t-il souligné.

Selon M. Kilduff, le marché pétrolier reste «inquiet pour la zone euro, mais aussi toute l'économie mondiale».

Les prix de l'or noir s'étaient envolés mercredi après la décision de la société canadienne Enbridge d'inverser le sens dans lequel circule le brut dans son oléoduc Seaway, dans le sud des États-Unis. À partir du deuxième trimestre 2012, il acheminera l'or noir depuis Cushing (Oklahoma, sud), principal terminal pétrolier du pays, vers les raffineries de la côte du golfe du Mexique, ce qui devrait faire baisser des stocks très abondants dans l'Oklahoma.

«Ultimement, le marché ne pourra pas tout absorber», a souligné John Kilduff.

En toile de fond, la crise européenne de la dette continuait à effrayer les opérateurs. Témoin de leur fébrilité accrue, l'Espagne a réalisé jeudi une émission de 3,563 milliards d'euros d'obligations à dix ans, à un taux d'intérêt record, proche du seuil symbolique des 7%, dans un climat de tension extrême sur les marchés.

Le marché pétrolier «voit les mesures d'austérité en train d'être mises en place en Grèce et en Italie et ça fait craindre une croissance plus faible, ce qui pourrait exacerber le problème», a souligné en outre Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

Les investisseurs suivaient également «le désaccord persistant entre l'Allemagne et la France sur le rôle de la Banque centrale européenne», a indiqué M. Lipow.

La chancelière allemande Angela Merkel a en effet redit son opposition jeudi à une intervention plus poussée de la BCE, comme le souhaite Paris. «Les traités européens tels que nous les voyons ne donnent pas à la BCE la possibilité de résoudre ces problèmes», a-t-elle dit.

Le marché de l'or noir a par ailleurs continué à suivre l'évolution de la situation au Moyen-Orient, en particulier en Syrie, où la Ligue arabe a fixé un ultimatum au régime de Bachar al-Assad.

Les troubles que connaît cette région «ont le potentiel pour perturber l'approvisionnement en pétrole», ont noté les analystes de JP Morgan.

Cependant, a souligné M. Kilduff, «la Russie et la Chine continuent à s'opposer à d'autres mesures» contre Damas, ce qui permet de penser que de telles perturbations ne sont pas pour tout de suite.