L'or a continué de briller cette semaine, franchissant de nouveau le seuil des 1800 dollars l'once, soutenu par la fébrilité de la zone euro sur fond d'incertitudes politiques en Italie, qui ont poussé les investisseurs vers les actifs jugés les plus sûrs.

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L'or a poursuivi son ascension sur l'élan des semaines précédentes: le cours du métal jaune a ainsi nettement grimpé en début de semaine, se hissant mardi jusqu'à 1.802,93 dollars l'once, un sommet depuis le 21 septembre.

Les pourparlers laborieux pour former un gouvernement d'union nationale en Grèce et l'annonce lundi de la démission prochaine du premier ministre Silvio Berlusconi, susceptible d'ouvrir la voie à une période d'instabilité politique, ont replongé les marchés dans le désarroi.

«La hausse de l'or va de pair avec l'envolée des taux des obligations à 10 ans» de l'Italie, signe du fort regain d'anxiété des investisseurs, a remarqué Ross Norman, directeur du courtier spécialisé Sharps Pixley.

Les taux italiens ont atteint cette semaine la barre historique des 7% - un niveau ingérable sur la durée pour la troisième économie de la zone euro: «en clair, l'or en tant que valeur refuge a bénéficié de ce qui apparaît comme une catastrophe au ralenti au coeur de la zone euro», a commenté M. Norman.

Le métal jaune a cependant perdu momentanément de son superbe mercredi et jeudi, lâchant jusqu'à 3,6% de sa valeur en l'espace de deux jours.

D'une part, la perspective de l'arrivée de l'ex-commissaire Mario Monti à la tête du gouvernement italien a contribué à rasséréner quelque peu les marchés, et d'autre part, certains opérateurs cédaient leur or pour financer leurs pertes sur des marchés boursiers en déroute, ont noté les analystes.

Mais cet accès de faiblesse du métal jaune aura été de courte durée: dès vendredi, il regagnait du terrain.

«Le marché fait preuve de lucidité. On dit l'Italie trop grosse pour qu'on la laisse tomber, mais aussi trop grosse pour que l'Europe puisse la sauver, ça n'inspire pas exactement confiance», a ironisé William Adams, de la société financière britannique Fast Markets.

Selon lui, ceux qui attendent «un coup de baguette magique» dans la péninsule italienne «risquent d'être cruellement déçus». «Avec la contagion de la crise de la dette à l'Italie, la situation s'est détériorée et repousse encore la perspective d'une résolution permanente de la crise... ce qui plaide en faveur de l'or», a-t-il insisté.

Signe de l'engouement des investisseurs, SPDR Gold Trust, le plus important fonds d'or coté dans le monde, a vu le niveau de ses participations grossir de près de 2% cette semaine, pour atteindre 1.268,7 tonnes, au plus haut depuis trois mois.

Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé vendredi à 1773 dollars au fixage du soir contre 1749 dollars une semaine auparavant.

ARGENT

L'argent, alternative moins onéreuse à l'or, a épousé les fluctuations du métal jaune, grimpant à plus de 35 dollars l'once avant de finalement se replier sensiblement.

Le métal gris s'essoufflait après avoir bondi de 14% au cours du mois d'octobre, pâtissant de surcroît de ses débouchés industriels alors que s'assombrissent les perspectives économiques mondiales.

L'once d'argent a terminé vendredi à 33,77 dollars au fixage du soir contre 33,95 dollars sept jours auparavant.

PLATINE/PALLADIUM

Les métaux platinoïdes, dont le principal débouché est la construction automobile, ont eux aussi connu une semaine en dents de scie.

«Les chiffres décevants sur le commerce extérieur chinois, miné par la morosité de l'économie en Europe et aux États-Unis, puis l'annonce d'un ralentissement des ventes de voitures en Inde (en baisse de près de 25% en octobre) ont encore ajouté à la nervosité du marché», ont souligné les experts du courtier spécialisé Johnson Matthey.

Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a terminé vendredi à 1.628 dollars contre 1.623,50 dollars une semaine auparavant.

L'once de palladium a fini à 651 dollars contre 682 dollars sept jours plus tôt.