Le projet controversé de superpipeline de 7 milliards de dollars piloté par TransCanada vient d'être laissé de côté par l'administration Obama.

L'administration et le département d'État américain soutiennent avoir besoin de temps afin d'étudier l'impact du pipeline, l'un des plus importants projets pétroliers depuis des décennies, avant de lui donner le feu vert, ou non.

«Parce que ce permis pourrait affecter la santé et la sécurité des Américains, de même que l'environnement, et parce que des inquiétudes ont été soulevées par le public, nous devons prendre le temps d'étudier le projet et d'en comprendre l'ensemble des impacts», a noté le président Obama, hier.

Dans sa décision, la Maison-Blanche mentionne les craintes liées à l'impact sur la «sécurité énergétique, la politique étrangère et l'environnement (notamment les changements climatiques)».

Le tracé proposé passe par des régions écologiquement délicates du Nebraska, un problème qui avait provoqué l'opposition du gouverneur républicain de l'État. Le gouvernement a dit, hier, qu'un changement de tracé sera exigé. Une décision au sujet du pipeline sera prise au début de l'année 2013, a indiqué hier le département d'État.

L'annonce a déçu les représentants de l'industrie pétrolière. Hier, le patron de TransCanada, Russ Girling, a dit croire que le projet finira par être approuvé.

«Ce projet est trop important pour l'économie des États-Unis, du Canada, et les intérêts nationaux des États-Unis», a-t-il fait savoir.

Stephen Brown, vice-président du raffineur Tesoro, a dit hier que le président fait fausse route en remettant la décision à plus tard.

«C'est une décision terrible pour l'avenir énergétique du pays, mais brillante pour la campagne de réélection du président.»

Piloté par TransCanada, le projet de pipeline de 2700 km doit permettre de transporter le pétrole des sables bitumineux d'Alberta à travers six États américains jusqu'au golfe du Mexique. Hier, le titre de TransCanada a perdu 73 cents pour clôturer à 39,85$ à la Bourse de Toronto.

Le sujet du pipeline Keystone XL est problématique pour l'administration Obama.

Depuis quelques mois, des environnementalistes font pression sur l'administration, et voient cet enjeu comme un test clair de la position du président sur l'utilisation des combustibles fossiles et la lutte contre les changements climatiques.

Dimanche, plus de 12 000 manifestants ont encerclé la Maison-Blanche pour inciter le président à rejeter le pipeline. Selon les opposants au projet, le pipeline est une menace pour l'environnement, et fait la promotion d'un pétrole produit de façon polluante.

«Notre mouvement a pris une position ferme au sujet des changements climatiques, et le président nous a écoutés, a écrit hier le militant écologiste de longue date Bill McKibben. Les victoires au sujet du réchauffement climatique sont rares depuis quelques années, ce qui rend cette journée encore plus importante.»

TransCanada soutient que les technologies poussées du pipeline rendent l'opération sûre, et que des milliers d'emplois seront créés des deux côtés de la frontière grâce au projet.



«La tyrannie du pétrole»

Le dossier avait pris un virage inattendu, lundi, quand l'inspecteur général du département d'État américain avait annoncé la tenue d'une enquête sur la façon dont le projet a été mené au sein du gouvernement américain.

«L'objectif de cette étude est de déterminer si le département d'État et les autres parties impliquées ont respecté les lois fédérales dans le dossier Keystone XL», a écrit dans sa décision l'inspecteur général adjoint, Harold W. Geisel.

Barack Obama s'est souvent prononcé en faveur de l'exploration gazière et l'exploitation pétrolière en sol américain.

Or, quand il était sénateur, Obama avait tenu des propos plus tranchés au sujet des carburants fossiles. «Soyons la génération qui se libère de la tyrannie du pétrole», avait-il lancé, en 2007.