Une société minière de Vancouver, qui vient d'ajouter l'ancien ministre Lawrence Cannon à son conseil d'administration, veut développer un important projet de mine de fer dans l'extrême nord du Québec. Le plan inclut la construction d'un port en eau profonde dans la baie d'Ungava.

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Selon le scénario «optimal» actuellement privilégié par Oceanic Iron Ore, il est question d'un investissement initial de 3,7 milliards pour produire 20 millions de tonnes de concentré de fer par année, au plus tôt en 2016.

Oceanic compte actuellement trois propriétés sur le côté ouest de la baie d'Ungava, dans la pointe nord de la Fosse du Labrador, très riche en fer. Ces propriétés affichent des ressources historiques (donc non prouvées) de 2,6 milliards de tonnes de fer à une teneur de 33%. Une étude économique préliminaire faite sur la base d'un premier calcul sur une seule de ces propriétés (Hopes Advance) fait état de 358 millions de tonnes de ressources indiquées et 872 millions de tonnes de ressources inférées. Le scénario des 20 millions de tonnes annuelles de concentré provient de cette même étude.

D'autres scénarios étudiés comprennent la construction d'une usine de bouletage, avec des investissements requis pouvant atteindre 6,4 milliards.

Un des grands avantages mis de l'avant par Oceanic Iron Ore réside dans le fait qu'un chemin de fer n'est pas nécessaire pour transporter le concentré jusqu'au bateau. Un pipeline de 21 kilomètres relierait le concentrateur à un port construit à la Pointe Breakwater, dans la petite baie Hopes Advance.

La petite minière (54 millions en capitalisation boursière) souhaite profiter du Plan Nord en ce qui concerne le port, mais aussi pour l'alimentation électrique. Elle met de l'avant la construction d'une ligne électrique depuis la centrale Brisay, sur le réservoir Caniapiscau. Une porte-parole d'Hydro-Québec confirme que cela fait partie des dossiers de développement nordique pour lesquels il y a eu des discussions préliminaires.

«Le fait d'avoir une ligne de transport dans cette direction aura des impacts positifs à long terme pour d'autres projets et pour les communautés nordiques», soutient Lawrence Cannon, nommé au conseil le 20 septembre.

Oceanic compte publier une mise à jour du calcul de ressources de Hopes Advance au mois de décembre et veut compléter avant le deuxième trimestre 2012 les tests en usine sur un échantillon de 200 tonnes. Le titre de la société (FEO) se négociait à 35 cents à la clôture de la Bourse de croissance TSX, vendredi.

Retour au travail pour Lawrence Cannon

«Le projet d'Oceanic a beaucoup de potentiel», soutient Lawrence Cannon, qui touche pour la première fois de sa carrière au secteur minier. Il est le premier Québécois sur le conseil d'Oceanic.

«J'ai beaucoup à apprendre encore sur les aspects technologiques, mais je peux apporter une connaissance du Québec, de nos institutions et de nos façons de faire», explique l'ancien ministre des Affaires étrangères, emporté par la vague orange aux élections de mai dernier.

C'est l'ancien député conservateur John Reynolds qui a approché M. Cannon pour se joindre au conseil de la société. Entre les élections et sa nomination, M. Cannon a pris l'été pour se détendre, loin des responsabilités ministérielles. «J'ai pris la défaite de façon très sereine, dit-il. La politique est un sport extrême et la défaite en fait partie. Ce qui me réjouit, c'est de voir cette jeune génération de nouveaux politiciens qui se sont intéressés à la vie politique et à nos institutions démocratiques. Et la vie continue.»

Après avoir joué au golf et roulé à vélo pendant la saison estivale, M. Cannon est donc de retour au boulot. Il souhaite siéger à d'autres conseils d'administration. Il a aussi été nommé conseiller stratégique et président du groupe Affaires gouvernementales pour la firme d'avocats Gowlings. Il conseillera les clients de la firme et travaillera au développement des marchés internationaux.

Notons qu'en vertu de la loi, l'ancien ministre ne peut pas faire de représentations directement auprès du gouvernement fédéral pendant une période de cinq ans.