L'or a de nouveau brillé cette semaine, le prix de l'once bondissant de 5% et approchant à nouveau le seuil des 1900 dollars, dans un marché porté par des indicateurs économiques moroses et spéculations sur de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire aux États-Unis.

Or

Le prix du métal jaune avait connu la semaine dernière un redoutable coup d'arrêt, avec un effondrement de 10% en l'espace de deux jours.

Mais la dégringolade n'a pas fait long feu, et dès cette semaine, l'or s'est ressaisi avec vigueur, engrangeant près de 100 dollars sur la semaine, et se hissant vendredi à plus de 1880 dollars l'once, se rapprochant du record historique à 1913,50 dollars enregistré le 23 août.

«Ce rebond n'est guère surprenant et met en lumière le statut de valeur refuge de l'or quand les investisseurs délaissent les actifs jugés plus risqués en cas d'inquiétude» sur l'environnement économique, a expliqué Ross Norman, analyste du courtier spécialisé Sharps Pixley.

Et les coups de semonce n'ont guère manqué, avec une salve d'indicateurs des plus moroses, en Europe (où l'activité manufacturière s'est contractée en août à son plus bas niveau depuis deux ans), comme aux États-Unis.

Ainsi, le moral des consommateurs américains a chuté à son plus bas niveau depuis le printemps 2009 et l'économie américaine n'a créé aucun emploi en août, démentant les attentes des analystes: autant de signaux de mauvais augure sur la vigueur de la première économie mondiale.

«Les chiffres médiocres du rapport sur l'emploi, qui traduisent un ralentissement de l'économie, vont accroître la pression sur les investisseurs. On surveille tous ces indicateurs comme le cardiogramme d'un patient vivant mais dans le coma...», commentait M. Norman.

Surtout, l'avalanche des mauvaises nouvelles renforce les chances de voir la Réserve fédérale (Fed) adopter des mesures d'assouplissement monétaire, c'est-à-dire des injections de liquidités destinées à soutenir une économie vacillante, ajoutait l'analyste.

Ce type de mesures, déjà adopté en 2010, vient grossir les investissements dans les matières premières (dont les métaux précieux), accompagne des taux d'intérêt très bas, ce qui alimente l'inflation (contre laquelle l'or est un bon bouclier) et dilue la valeur du dollar (encourageant encore davantage d'investisseurs à se tourner vers l'or).

L'approche des fêtes traditionnelle de Diwali en Inde, premier pays consommateur d'or dans le monde, devrait par ailleurs conforter la demande physique de métal jaune dans les prochaines semaines, et pousser les prix encore plus haut, observaient de leur côté les experts de Commerzbank.

Dans les trois prochains mois, la consommation d'or indienne pourrait ainsi bondir de 25% par rapport à la même période l'an dernier, à 250 tonnes, rapportaient-ils.

Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé vendredi à 1875,25 dollars au fixing du soir contre 1788 une semaine auparavant.

Argent

L'argent, souvent considéré comme une alternative moins onéreuse à l'or, a accompagné le métal jaune dans son retour en grâce: il a grimpé vendredi jusqu'à 43,15 dollars, son plus haut niveau depuis deux semaines.

Mais, contrairement à l'or, «ça pourrait être plus difficile pour l'argent de maintenir ses gains», car, en tant que métal à usage industriel, «il est davantage dépendant de la robustesse de l'activité manufacturière américaine», avertissaient les analystes de Deutsche Bank.

L'once de métal gris a terminé vendredi à 42,50 dollars l'once contre 41,06 dollars sept jours auparavant.

Platine et Palladium

Les cours des métaux platinoïdes ont été tirés vers le haut par l'annonce de hausses sensibles des ventes automobiles en août en Europe et aux États unis (+7% sur un an), soulignait le cabinet spécialisé Johnson Matthey.

L'industrie automobile est le principal débouché du palladium et du platine, utilisés pour fabriquer les pots catalytiques.

Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a terminé vendredi à 1873 dollars contre 1812 dollars une semaine auparavant.

L'once de palladium a fini à 785 dollars contre 747 dollars sept jours plus tôt.