Les prix du pétrole ont fini sur un fort rebond lundi à New York, tandis qu'ils baissaient à Londres, les opérateurs spéculant sur un retour du pétrole libyen sur le marché européen alors que les rebelles sont entrés dans Tripoli.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en septembre, dont c'était le dernier jour de cotation, a terminé à 84,12 dollars, en hausse de 1,86 dollar par rapport à vendredi.

Le contrat à échéance en octobre, référence à partir de mardi, a progressé de 2,01 dollars à 84,42 dollars.

À Londres, en revanche, sur l'IntercontinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre a cédé 26 cents à 108,36 dollars, après un plongeon jusqu'à 105,15 dollars plus tôt dans la journée.

«L'écart entre le Brent et les cours à New York se réduit», a constaté Bart Melek, de TD Securities.

Selon l'analyste, deux facteurs poussaient les opérateurs du marché pétrolier à délaisser le marché européen au profit de la place new-yorkaise: «l'annonce que les hostilités pourraient toucher à leur fin en Libye», et «les attentes de mesures de la Réserve fédérale» américaine.

Les rebelles ont lancé une offensive décisive pendant le week-end sur Tripoli, dont ils contrôlaient lundi la majeure partie. La plupart des dirigeants occidentaux, dont le président américain Barack Obama, ont estimé que le régime de Mouammar Kadhafi, traqué, touchait à sa fin.

Le pays produisait avant l'offensive occidentale 1,6 million de barils par jour de brut léger, facile à raffiner, dont il exportait la plus grande partie vers le marché européen. Les exportations ayant été quasi interrompues depuis le printemps, les cours à Londres, historiquement proches des prix à New York, s'étaient envolés.

«On voit s'inverser les échanges liés au printemps arabe», a expliqué Phil Flynn, de PFG Best.

«Je suis optimiste sur le fait qu'on verra une grande partie du pétrole (produit par la Libye) revenir sur le marché dans deux ou trois mois, mais le marché reste prudent, parce qu'il se rend compte que (le régime de Mouammar Kadhafi) n'est pas fini pour l'instant», a-t-il ajouté.

Pour Jason Schenker, de Prestige Economics, «une résolution du conflit libyen serait modestement baissière pour les prix du brut, mais il est moins probable qu'on observe une chute de 10 ou 20 dollars» du baril.

D'abord parce qu'il «pourrait falloir six à douze mois avant que la production de brut ne revienne à plus d'un million de barils par jour», mais aussi parce que «le succès des rebelles libyens pourrait inspirer d'autres groupes dans des pays producteurs de pétrole», a-t-il expliqué.

Les cours, qui avaient chuté de 3,6% la semaine dernière à New York, ont bénéficié aussi d'une accalmie sur les places boursières, le Dow Jones évoluant en hausse au moment de la clôture du Nymex.

Les investisseurs spéculent notamment sur l'annonce de possibles nouvelles mesures de soutien à l'économie lors du discours que doit prononcer vendredi le président de la banque centrale des États-Unis, Ben Bernanke.

Autre facteur positif pour les cours sur le marché américain: l'ouragan Irène, qui menaçait lundi Porto Rico, la République dominicaine et Haïti, avançait vers la Floride, selon les services météorologiques américains.

Il pourrait donc menacer la production américaine de brut dans l'est du golfe du Mexique et l'activité des raffineries sur la côte.