Le prix de l'or a brillé cette semaine à un nouveau record, dopé par un cocktail d'inquiétudes sur la crise des dettes publiques en zone euro, de menaces d'une dégradation de la note des États-Unis et de spéculations sur la politique monétaire américaine.

Or

Le cours de l'once d'or est monté jeudi à 1594,45 dollars sur le marché au comptant, un niveau sans précédent.

Le métal jaune a profité à plein de son statut de valeur refuge, face à l'aggravation de la crise des dettes souveraines au sein de la zone euro, qui maintenait la pression sur l'euro et les marchés obligataires.

Le risque d'une contagion de la crise grecque à d'autres pays a été notamment illustré par une envolée des taux obligataires italiens, espagnols et irlandais à des niveaux records.

Les divergences des dirigeants européens sur la gestion de la crise se sont encore accentuées, notamment entre Paris et Berlin, avec le report d'une réunion extraordinaire un temps envisagée ce vendredi, ce qui a accru la nervosité des marchés, avant la publication des tests de résistance bancaires européens.

«Le risque de contagion de la crise des dettes européennes, à mesure que celle-ci prend de l'ampleur, devrait conforter la demande d'or, tout comme les incertitudes sur le relèvement de la dette américaine», expliquait dans une note Robin Bhar, analyste de Crédit Agricole-CIB.

Alors que les discussions s'enlisent entre la Maison blanche et le Congrès sur le relèvement du plafond de l'endettement du pays, nécessaire pour financer les dépenses nationales à partir du 2 août, les agences financières Moody's et Standard & Poor's ont indiqué qu'elles envisageaient de dégrader la note américaine, pointant le risque d'un défaut de paiement technique.

Le métal jaune a par ailleurs été brièvement soutenu par des propos tenus mercredi par le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Ben Bernanke, qui a laissé la porte ouverte à de nouvelles mesures de soutien de l'institution à l'économie - et donc le maintien de taux d'intérêt bas, propres à conforter le report des investisseurs sur l'or.

Des propos tempérés dès le lendemain par M. Bernanke, qui a précisé que de telles mesures n'étaient pas prévues dans l'immédiat.

L'or, valeur refuge à l'instar du franc suisse, est considéré comme un bon bouclier contre la volatilité des devises, les soubresauts des obligations d'État et des tensions inflationnistes persistantes. Son cours a grimpé 9 jours de suite, une première depuis 2006.

Signe du fort engouement des investisseurs, SPDR Gold Shares, le plus grand fonds d'or coté dans le monde, a vu le niveau de ses participations bondir de 20 tonnes cette semaine, à 1225 tonnes, au plus haut depuis début mai.

Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé vendredi à 1587 dollars au fixage de l'après-midi contre 1541,50 une semaine auparavant.

Argent

L'argent a accompagné l'or dans son irrésistible ascension, bondissant de 5% sur la semaine.

«Après avoir été sous pression le mois dernier, le métal gris est revenu dans les faveurs des investisseurs (...) soutenu par son demi-statut de métal précieux», qui en fait une alternative moins onéreuse à l'or, «et son attractivité devrait se renforcer tant que les troubles font rage» sur les marchés financiers, a souligné Kathleen Brooks, analyste de Forex.com.

L'argent a terminé vendredi à 38,17 dollars l'once, contre 36,28 dollars sept jours auparavant.

Platine/palladium

Le platine a également poursuivi sa hausse cette semaine, à l'unisson des autres métaux précieux, et toujours soutenu par les tensions sociales persistantes dans les mines d'Afrique du Sud, premier producteur mondial de platine, tandis que le palladium se stabilisait.

Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a terminé vendredi à 1760 dollars, contre 1740 dollars une semaine auparavant.

L'once de palladium a fini à 777 dollars, contre 776 dollars sept jours plus tôt.