L'abondance du gaz de schiste, qui contribue à maintenir le prix du gaz naturel très bas en Amérique du Nord depuis 2008, est-elle une illusion?

Une enquête récente du New York Times a soulevé des doutes sur le potentiel de cette nouvelle manne, qui serait grandement surestimée, selon des spécialistes qui travaillent au sein même de l'industrie.

Les réserves sont peut-être surévaluées, mais le potentiel est là, croit tout de même Jean-Thomas Bernard, spécialiste en énergie et professeur à l'Université d'Ottawa.

Selon lui, le gaz de schiste est une industrie naissante, et il est normal que son potentiel soit réévalué à mesure que les connaissances avancent.

Le problème décrit par le quotidien américain est bien connu dans l'industrie. C'est la chute rapide de production des puits après leur première année d'exploitation qui laisse croire que les réserves exploitables ne sont peut-être pas aussi grandes qu'on le pensait.

«Les réserves sont peut-être moins grandes qu'on l'a d'abord cru, mais il y en a à beaucoup d'endroits», explique-t-il. C'est la raison pour laquelle le professeur croit à l'avenir du gaz de schiste.

L'autre indice du potentiel de l'industrie, selon lui, c'est l'arrivée de gros joueurs de l'industrie pétrolière et gazière dans ce qu'on appelle le gaz non conventionnel. «Les petits sont rachetés à gros prix par les gros, qui peuvent se tromper, mais qui savent généralement ce qu'ils font.» Exxon, par exemple, a payé 36 milliards US pour faire l'acquisition de XTO Energy du Texas et se lancer dans le secteur du gaz de schiste.

Enfin, le marché semble croire encore au potentiel du gaz de schiste, souligne-t-il, parce que le prix du gaz n'a pas augmenté depuis la fin de la récession.

La demande de gaz naturel, pourtant, est à la hausse, notamment dans le transport où on s'en sert de plus en plus comme carburant à la place de l'essence. GM vient d'annoncer la mise au point d'un moteur carburant au gaz naturel et plusieurs parcs de camions se convertissent à cette forme d'énergie moins polluante et moins coûteuse que le pétrole.

Aux États-Unis, 30% de tout le gaz produit est maintenant du gaz de schiste.