Alors que l'on observe de la rareté de plusieurs ressources (pétrole brut, cuivre, maïs, etc.), les surplus de nickel se dirigent vers un sommet en quatre ans, ce qui entraînera une baisse des prix l'an prochain.

Ainsi, le surplus de nickel atteindra 60 000 tonnes métriques en 2012, comparativement à 12 000 tonnes cette année, selon Bank of America Merrill Lynch, prévisionniste le plus précis suivi par Bloomberg pendant deux ans.

Neuf mines augmenteront leur production de 11% en 2012, un sommet en 17 ans, estime Macquarie Group Ltd. Les prix sont susceptibles de chuter de 12% à 20 000$US la tonne d'ici au 31 décembre prochain, d'après l'estimation médiane de 17 analystes et courtiers sondés par Bloomberg.

«Je ne suis pas particulièrement optimiste concernant le nickel», avertit Ian Henderson, qui gère des actifs de ressources naturelles d'une valeur d'environ 10 milliards US chez JPMorgan Chase, à Londres, notamment le Global Natural Resources Fund, qui a doublé en deux ans. «Je ne crois pas qu'il existe une logique commerciale expliquant le prix actuel, ajoute-t-il. Le prix du nickel à 15 000$US est entièrement possible.»

Pendant que les producteurs de matières premières ne réussissent pas à extraire suffisamment de cuivre et de pétrole et que des sécheresses menacent des cultures, l'offre de nickel croît plus vite que la demande. Les prix ont atteint le niveau record de 51 800$US en 2007 et ils ont évolué d'au moins 63% par année depuis, ce qui a amené les utilisateurs à faire appel à davantage de produits substituts que dans le cas de tout autre grand produit de base, signale Macquarie. Ainsi, le Groupe Ikea, premier détaillant mondial d'accessoires ménagers d'ameublement, retire le nickel des produits pour la cuisine et la salle de bains.

Utilisé principalement dans l'acier inoxydable, le nickel affiche un prix en baisse de 7,7% cette année, à 22 850$US, à la Bourse des métaux de Londres. Cela lui confère le troisième rang, après le sucre brut et le zinc, parmi les produits qui ont présenté la pire performance de l'indice GSCI Standard&Poor's, qui regroupe 24 produits de base. Cet indice a progressé de 11%.

Construction et transport

Les industries de la construction et du transport forment 37% de la demande de nickel, et 18% supplémentaires sont utilisés dans la machinerie et des applications électriques, d'après UBS AG. La consommation de 1,51 million de tonnes en 2010 valait 33 milliardsUS au prix moyen de l'an dernier.

La baisse des prix signifie que les bénéfices d'OAO GMK Norilsk Nickel, premier producteur mondial, changeront probablement peu, a souligné le 8 juin dernier Vladimir Strzhalkovsky, PDG de la société russe. Le nickel a formé environ 43% des ventes de l'entreprise moscovite en 2009.

«Si un pépin survient dans l'économie mondiale, la demande de métaux industriels baissera, dit-il. Il est dangereux de dépendre du nickel.»

Le marché baissier met fin à une séquence gagnante de deux années pendant laquelle les prix ont doublé. La demande ayant rebondi au sortir de la pire récession mondiale depuis la Seconde Guerre mondiale, l'offre a été touchée par des grèves d'une année ou plus aux mines de Vale, à Sudbury et à Voisey's Bay, au Canada. Ces conflits ont pris fin et la société de Rio de Janeiro prévoit un bond de 56% de la production cette année.