Enerkem fait de plus en plus parler d'elle avec sa technologie qui transforme les déchets... en éthanol! L'entreprise québécoise séduit aussi les investisseurs, comme en fait foi un nouveau financement de 59 millions de dollars qui sera annoncé aujourd'hui.

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Si le nom d'Enerkem vous est encore inconnu, il faudra vous mettre à la page. Parce qu'après avoir décroché le plus important financement en capital-risque de tout le pays l'an dernier, l'entreprise québécoise remet çca en raflant un magot encore plus élevé.

Enerkem est cette société qui veut transformer les déchets «ultimes» comme les vieux sofas, les bouts de bois et le plastique non recyclable en éthanol pouvant propulser des voitures. L'entreprise annoncera aujourd'hui qu'elle a décroché un autre financement majeur de 59 millions auprès d'un consortium d'investisseurs canadiens et américains.

«C'est peut-être notre dernière ronde (de financement), a dit à La Presse Affaires le président d'Enerkem, Vincent Chornet. Je crois que ça va être assez pour nous amener sur le chemin de la rentabilité.»

Enerkem collectionne les financements records et est actuellement l'entreprise technologique en démarrage qui attire le plus de capital de tout le pays. Il faut dire que la boîte québécoise doit déployer des sommes colossales pour bâtir ses usines d'éthanol nouveau genre au Canada et aux États-Unis.

En février dernier, l'entreprise a même attiré l'attention du magazine américain Fast Company, qui a inscrit son nom aux côtés de ceux des Apple, Google et autres Facebook sur la liste des 50 entreprises les plus innovantes de la planète. Enerkem avait décroché le 42e rang du palmarès, entre le géant des équipements de télécommunications Cisco et la multinationale de l'électronique Samsung.

Plusieurs des actionnaires actuels d'Enerkem, dont le géant nord-américain des lieux d'enfouissement Waste Management, ainsi que les fonds de capital-risque américains Rho Ventures et Braemar Energy Ventures, ont choisi de miser des sommes supplémentaires sur Enerkem dans la nouvelle ronde de financement annoncée aujourd'hui. C'est aussi le cas du fonds québécois Cycle capital.

Un nouvel investisseur de taille - la texane Valero Energy Corp., société mère d'Ultramar au Canada -, se joint à la levée de capital. Enerkem estime que cette alliance permettra de créer des «synergies» qui placeront le Québec au premier plan de l'industrie des énergies propres, en plus de susciter de possibles occasions d'affaires entre les deux entreprises.

«Valero rejoignant Waste Management à titre d'investisseur stratégique, Enerkem devient ainsi l'une des très rares entreprises en bioproduits à être engagées avec des chefs de file de l'industrie en amont et en aval de la chaîne de valeur», a déclaré Vincent Chornet.

Financement massif

Enerkem a obtenu 53,8 millions en février 2010 dans ce qui a été le plus gros financement en capital-risque de l'année du Canada.

L'entreprise a aussi raflé 23 millions du gouvernement de l'Alberta et de la Ville d'Edmonton pour y installer sa première usine commerciale, qui devrait commencer à transformer les déchets municipaux en éthanol dès l'an prochain.

Enerkem a également reçu 50 millions US du ministère américain de l'Énergie pour construire une deuxième usine au Mississippi. Le ministère américain de l'Agriculture a aussi accordé une garantie de prêt de 80 millions US pour ce projet.

Même s'il se fait discret sur les détails, Vincent Chornet laisse entendre que le carnet de commandes est bien rempli et que les nouveaux capitaux serviront à bâtir plusieurs autres usines d'éthanol en Amérique du Nord.

«On est dans une phase extrême, très intense, de croissance, dit le grand patron. La façon dont on va s'en sortir, c'est en s'organisant pour sortir nos usines en modules. Et petit à petit, on va peut-être laisser l'investissement et la propriété des usines à des groupes industriels.»

- Avec la collaboration de Maxime Bergeron