Les investissements de 2,2 milliards $ qu'Alcoa compte effectuer dans ses installations québécoises d'ici 2015 ne se traduiront pas par la création de nouveaux emplois, mais plutôt par la suppression de postes.

C'est ce qu'a révélé lundi le grand patron du géant américain au Canada, Pierre Morin, à l'issue d'un discours prononcé à la tribune du Cercle canadien.

D'ici 2015, le producteur d'aluminium entend investir 600 millions $ dans la maintenance et la mise à niveau de ses installations québécoises, plus 400 millions $ pour des projets visant à accroître ses capacités de production.

M. Morin a indiqué que les augmentations de capacité seraient modestes et qu'elles ne requerraient pas l'élargissement des contrats d'approvisionnement en électricité déjà conclus avec Hydro-Québec.

Ces projets s'ajouteront à celui, plus ambitieux, qui doit faire passer la capacité de l'aluminerie de Baie-Comeau de 438 000 à 548 000 tonnes d'ici 2015, au coût de 1,2 milliard $.

Comme il s'agit de moderniser les équipements, Alcoa aura besoin de moins d'employés au terme de l'exercice. L'entreprise pense être en mesure de réduire ses effectifs par attrition, sans recourir à des licenciements. La démographie l'aidera: plus du tiers des 3400 employés d'Alcoa au Québec seront admissibles à la retraite d'ici 2015.

«Il pourrait y avoir une baisse du nombre d'emplois», a convenu M. Morin, en précisant toutefois qu'il y aurait des embauches dans certains corps de métier spécialisés pour remplacer des départs à la retraite.

«Ce qui est intéressant, je pense, c'est qu'on prend les moyens pour rester au Québec pour 20, 30, 40 ans, a souligné le dirigeant. On n'attendra pas la crise pour faire des licenciements majeurs. On va le faire progressivement en utilisant l'attrition naturelle.»

Usine de Deschambault

Il n'est pas question, par ailleurs, de réactiver avant 2016 le projet visant à doubler la capacité de production à l'aluminerie de Deschambault-Grondines, dans la région de Québec. Ce dernier était estimé à 1,5 milliard $ avant qu'il ne soit mis sur la glace, en 2009.

«On va s'assurer que nos usines restent compétitives et concurrentielles et ce qu'on a mis sur la table pour Alcoa va nous permettre de dire que nos usines québécoises vont rester dans le peloton de tête, a relaté Pierre Morin. C'est ça qui est important pour nous. Ce n'est donc pas seulement une course au volume, c'est une course au positionnement stratégique sur la courbe des coûts.»

Suivant la même logique, Alcoa ne choisira pas nécessairement les technologies les plus récentes pour moderniser ses usines, mais celles qui présentent le meilleur rapport coûts/bénéfices, a indiqué le dirigeant.