De combien le prix du pétrole est-il gonflé artificiellement par les spéculateurs? Ceux qui se posent la question depuis longtemps ont eu une réponse la semaine dernière.

Le brut a perdu 13$, ou 10% de sa valeur dans une seule journée de transaction, sans aucune raison évidente. Aucun événement géopolitique digne de mention ni aucun changement dans l'offre et la demande pour expliquer cette dégringolade.

Seule explication possible: la spéculation et les décisions des autorités du marché de produits de base de la Bourse de New York d'augmenter encore une fois les mises de fonds obligatoires des investisseurs actifs sur ces marchés.

La spéculation est une des forces obscures qui font varier le prix du pétrole brut. De l'avis de tous les experts, la spéculation est un mal nécessaire au fonctionnement des marchés. Elle peut être limitée, mais pas éliminée.

Dans le cas du pétrole, les deux types de marges exigées des investisseurs sont passées de 6750$ à 8438$ et de 5000$ à 6250$ par contrat. C'est bien insuffisant pour décourager les acteurs importants du marché.

L'action des spéculateurs maintient le prix du brut à un prix plus élevé que ce qui peut être justifié par le seul jeu de l'offre et de la demande.

L'incertitude entourant la reprise économique mondiale est un autre élément qui fait valser le prix du brut jour après jour. Cette incertitude est à l'origine d'un phénomène rare dans le marché pétrolier, un écart de prix entre le Brent de la mer du Nord et le WTI américain, les deux types de brut qui s'échangent à la Bourse.

Historiquement, les prix du brut et du WTI sont sensiblement les mêmes. Mais depuis six mois, le prix du brut a augmenté plus rapidement que le WTI, à un point tel que l'écart atteint un niveau record, autour de 15$. Cet écart s'explique par le fait que l'économie américaine tourne encore au ralenti et que les stocks de brut s'accumulent aux États-Unis.

Les marchés qui s'approvisionnent en Brent ou en pétrole dont le prix y est relié sont plus affectés par l'augmentation des prix.

C'est le cas du Québec, qui s'approvisionne en Brent de la mer du Nord et en Algérie.

Autre élément qui explique la hausse récente des prix, les marges des raffineurs sont à des niveaux très élevés, autour de 18 cents le litre.

Après deux années de vaches maigres, les raffineurs ont repris du poil de la bête. Valero, société mère d'Ultramar, vient de rapporter des profits de 104 millions pour son premier trimestre, comparativement à une perte de 80 millions pour la même période l'an dernier.