Le cours de l'argent a franchi mercredi le seuil de 45 dollars l'once, pour la première fois depuis plus de 31 ans, le métal gris grimpant dans le sillage de l'or à la faveur d'un net affaiblissement du dollar.

Le prix de l'once d'argent s'est élevé jusqu'à 45,40 dollars vers 15h55 GMT (11h55, heure de Montréal), un niveau sans précédent depuis janvier 1980, avant de se replier dans les minutes suivantes.

Le cours du métal gris avait commencé l'année aux alentours de 30 dollars l'once et avait atteint le seuil des 40 dollars le 8 avril. Il a bondi depuis de plus de 12% en l'espace de dix jours, à l'unisson du prix de l'or.

Soutenu par les inquiétudes sur l'inflation, la crise des dettes européennes, et une forte dépréciation de la monnaie américaine, qui rend plus attractifs les achats de métaux précieux libellés en dollars, le cours de l'or a lui-même franchi mercredi le seuil historique des 1500 dollars l'once.

Considéré comme une alternative moins onéreuse à l'or, l'argent «continue d'être soutenu par une forte demande de la part des investisseurs», expliquent les analystes de Commerzbank.

Ainsi, les ETF, instruments boursiers adossés à des stocks physiques d'argent, ont vu le niveau de leurs participations grimper de 240 tonnes depuis le début de l'année, pour atteindre plus de 15 500 tonnes, un niveau record.

«Le récent pic des cours suggère que les investisseurs utilisent l'argent de plus en plus comme un instrument financier (comme les autres). C'est notamment vrai en Chine, où des banques locales envisagent de proposer cette année à leurs clients d'investir dans l'argent en réponse à une inflation galopante», confirment dans une note les experts de Standard Chartered.

L'argent profite par ailleurs de son double statut de métal précieux et de métal industriel: «la demande physique, qui comprend les usages industriels, la joaillerie et la photographie, renforce l'optimisme sur le marché, avec une hausse de 12,8% l'an dernier», a ajouté Commerzbank.

De nombreux analystes font cependant montre de prudence et évoquent les risques de rechute soudaine, estimant le niveau des prix exagéré par rapport aux fondamentaux de l'offre et de la demande.

«Cette envolée des cours est tout simplement excessive. Il faut s'attendre à une correction marquée à court terme, avant que les prix ne remontent pour ressortir à 38 dollars à la fin de l'année», a averti Commerzbank.