SNC-Lavalin (T.SNC) a commencé l'année de son centenaire en lion, en décrochant le plus important contrat de son histoire avec BHP Billiton.

Le géant minier projette d'investir 12 milliards de dollars dans l'exploitation de la potasse de la Saskatchewan, dont une part de 10% devrait revenir à la firme d'ingénierie québécoise sur une période de 10 ans, a confirmé son président et chef de la direction, Pierre Duhaime, en entrevue avec La Presse Affaires.

SNC-Lavalin, dont les revenus liés au secteur minier ont représenté 12% des revenus totaux de 6,3 milliards en 2010, s'attend à ce que cette part augmente avec le boom minier au Canada et partout dans le monde.

Rio Tinto, BHP Billiton, Vale, ArcelorMittal, toutes les grandes entreprises du secteur sont déjà des clients de la firme d'ingénierie.

Avec des revenus prévus de plus de 1 milliard de dollars sur 10 ans, le contrat conclu avec BHP Billiton pour l'exploitation de la potasse est le plus important jamais obtenu par SNC-Lavalin.

Mais attention, ce n'est pas encore dans la poche, prévient le président, qui aime mieux dire que le contrat a «le potentiel» de devenir le plus important contrat de l'histoire de SNC-Lavalin. «Personne ne peut prédire ce qui va se passer d'ici 10 ans», prévient-il.

Dans le secteur minier, les perspectives peuvent changer rapidement. BHP Billiton, qui a échoué dans sa tentative de mettre la main sur PotashCorp, a décidé de lui faire concurrence. Son projet Jansen prévoit la mise en exploitation d'un gisement de potasse situé à 140 kilomètres à l'est de Saskatoon, qui a le potentiel de devenir la plus importante mine au monde avec une production de 8 millions de tonnes.

SNC-Lavalin s'installe déjà dans la province. Des bureaux ont été loués au centre-ville de Saskatoon pour son personnel. Elle sera responsable de l'ingénierie, de l'approvisionnement et de la gestion de la construction du projet au complet, y compris les installations portuaires qui seront nécessaires pour acheminer la potasse vers les marchés.

Un millier d'emplois devraient être générés par la première phase de ce chantier.

En prime, SNC-Lavalin pourrait aussi recevoir de BHP Billiton un mandat pour l'expansion de ses activités des mines de diamant au Canada et ailleurs dans le monde. Dans ce secteur, la firme québécoise a déjà travaillé avec Rio Tinto pour la construction de la mine Diavik dans les Territoires du Nord-Ouest.

Bas-Churchill

Deux jours après l'annonce du contrat de BHP Billiton, le gouvernement de Terre-Neuve a fait savoir qu'il avait choisi SNC-Lavalin pour construire les installations hydroélectriques de son projet du Bas-Churchill, estimé à 6,5 milliards.

Là encore, SNC-Lavalin peut espérer des revenus de 10% de la valeur du projet, «si ça se réalise», tempère Pierre Duhaime.

Le projet de Terre-Neuve est en effet conditionnel à l'aide du gouvernement fédéral, qui est contestée par le Québec et l'Ontario.

L'hydroélectricité, et notamment la construction du barrage de Manic 5, a mis au monde SNC-Lavalin. Sans les grands chantiers d'Hydro-Québec et les alumineries d'Alcan, la firme n'aurait pas pu atteindre la taille qu'elle a aujourd'hui, reconnaît son président.

«On a besoin d'une base pour grandir, il faut commencer quelque part.»

Avec 24 000 employés et des revenus de 6,3 milliards en 2010. SNC-Lavalin a fait du chemin depuis sa fondation en 1911 par l'ingénieur Alfred Surveyer, le S de SNC. SNC a ensuite fusionné avec Lavalin en 1991.

Maintenant qu'elle a étendu ses activités aux quatre coins du monde, SNC-Lavalin doit gérer de plus en plus d'enjeux géopolitiques.

En Libye, par exemple, les problèmes l'ont forcée à suspendre ses activités et à retrancher 1 milliard de son carnet de commandes. Temporairement, assure Pierre Duhaime. «Nos contrats sont toujours en vigueur et les activités devraient reprendre dès que la situation reviendra à la normale.»

SNC-Lavalin était très active au pays de Kadhafi, avec 4300 employés qui travaillent dans des projets de construction de prison, d'aéroport, de réseau d'eau et d'installations pétrolières.

Quoi qu'il arrive en Libye, le grand patron de SNC-Lavalin assure que sa firme n'est pas associée à l'ancien régime et qu'elle pourra rebâtir des liens dans le pays.

Depuis un an, l'action de SNC-Lavalin a varié entre 41,59$ et 63,23$. Hier, le titre a fini la journée à 53,40$, en hausse de 10 cents.