L'opposition à l'exploration minière s'organise dans les Laurentides à la suite de l'annonce de travaux de forages dans une zone de villégiature. Alors qu'une pétition en ligne sera lancée sous peu sur le site de l'Assemblée nationale, la ministre responsable des Laurentides, Michelle Courchesne, affirme qu'il est anormal que de l'exploration ait lieu dans le secteur visé.

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La société Pacific Arc Resources, de Vancouver, devrait amorcer en avril des travaux de forages sur une propriété qui s'étend sur les territoires de Saint-Hippolyte, Sainte-Adèle et Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson. Elle y cherche du fer et du titane. Les trois maires concernés sont outrés qu'une activité minière, même à l'étape de l'exploration, puisse se tenir dans leur région, reconnue pour ses lacs, ses rivières et son caractère champêtre.

En entrevue téléphonique, La Presse Affaires a demandé à la ministre Courchesne si elle trouvait normal que de l'exploration minière ait lieu dans ce secteur. «Honnêtement, non, a-t-elle répondu. Sincèrement, non.»

«Ce site-là est au coeur même de la zone de villégiature qui constitue l'économie de cette partie des Laurentides, a expliqué Mme Courchesne. Il y a là une zone de sensibilité extrêmement grande.»

Depuis quelques semaines, les trois municipalités, de concert avec le député de Bertrand, Claude Cousineau, sont à l'oeuvre pour restreindre l'accès des minières à leur territoire. Lundi, le conseil municipal de Saint-Hippolyte a adopté une résolution demandant au ministère des Ressources naturelles d'interdire toute exploration ou exploitation minière sur son territoire.

La résolution propose également que les municipalités puissent obtenir un certain pouvoir dans le contrôle des activités minières sur leur territoire, ce qui n'est pas le cas actuellement. La Loi sur les mines a préséance sur les lois municipales.

Une pétition qui circule dans la communauté de Saint-Hippolyte reprend les mêmes demandes. Une autre sera lancée sur le site de l'Assemblée nationale au cours des prochains jours. «Il faut dès maintenant envoyer à l'industrie le message que dans cette région, il ne doit pas y avoir d'exploitation minière», a déclaré le député Claude Cousineau.

En tant que ministre responsable des Laurentides, Michelle Courchesne veut rencontrer les maires prochainement. Elle soutient aussi que la réforme de la Loi sur les mines consacrera le caractère essentiel du consensus social dans les projets miniers. «Mon plus grand souhait, ajoute-t-elle, c'est qu'on puisse adopter le projet de loi sur les mines le plus rapidement possible.»

Or, le projet de loi est mort au feuilleton en février, et le gouvernement ne l'a pas ramené à la vie après le discours inaugural, ce qu'il avait pourtant le pouvoir de faire. «Nous le l'avons pas ramené parce qu'il y avait opposition systématique et persistante du Parti québécois», dit la ministre.

Le député de Bertrand n'est pas convaincu de cette explication. «Quand on est majoritaire et qu'il y a un projet de loi auquel on tient, on le ramène.»

Selon Michelle Courchesne, le projet de loi pourrait revivre l'automne prochain.

Entre-temps, les communautés des Laurentides s'activent. Des séances d'information publique auront lieu au cours des prochaines semaines.

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a une résidence secondaire à Saint-Hippolyte. Il a récemment indiqué à La Presse Affaires, par la voix de son porte-parole, qu'il était en désaccord avec l'exploration minière dans ce secteur. Pour le reste, il préfère conserver une certaine réserve dans ses commentaires.