Les prix du pétrole hésitaient mardi en fin d'échanges européens, se repliant à New York mais évoluant en hausse sensible à Londres, où ils ont atteint un sommet à plus de 122$ US, leur plus haut niveau depuis août 2008, dans un marché suspendu à la Libye.

Vers 12h30, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai ressortait à 121,97$ US, en hausse de 0,91$ US par rapport à la clôture de lundi.

Il a atteint 122,89$ US, peu avant 11h30, un niveau sans précédent depuis plus de deux ans et demi.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance reculait en revanche de 0,35$ US à 108,12$ US.

Les cours du baril avaient reculé après l'annonce par la Banque centrale chinoise d'un nouveau relèvement de ses taux d'intérêt, les opérateurs redoutant que ce nouveau resserrement monétaire n'affecte la demande énergétique du géant asiatique, deuxième consommateur mondial de brut.

Mais les prix du pétrole se sont promptement ressaisis, soutenus par la poursuite du conflit en Libye et les tensions persistantes dans le monde arabe.

«Les annonces précédentes de relèvement des taux chinois avaient entraîné des baisses bien plus importantes sur les marchés que le petit repli de 0,50$ US auquel on a assisté», observait Torbjorn Kjus, analyste de DnB Nor Markets.

«Cela montre bien qu'il est difficile, dans l'environnement actuel, de trouver de bonnes raisons justifiant une baisse des cours du baril - si ce n'est une éventuelle fin de la guerre civile en Libye», poursuivait-il.

Les combats faisaient toujours rage autour du port pétrolier de Brega, dans l'est du pays, où les forces de l'OTAN ont mené un raid mardi contre des forces loyalistes au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, alors que celles-ci contraignaient les insurgés à reculer.

«Si le colonel Kadhafi décide soudainement de s'en aller en exil quelque part, les prix du pétrole dégringoleront probablement de 5 à 10$ US. On n'en prend guère le chemin pour le moment, même si les évènements sont notoirement imprévisibles», soulignait M. Kjus.

«Après avoir cédé du terrain le week-end dernier, les rebelles tentent de reprendre Brega: on peut se demander quels peuvent être les dommages durables infligés aux infrastructures pétrolières de cette ville portuaire», susceptibles d'obérer une normalisation de la production libyenne, s'inquiétaient de leur côté les analystes du courtier Cameron Hanover.

Un tanker est cependant arrivé mardi dans le port de Tobrouk (est de la Libye) pour le premier chargement de pétrole assuré par les rebelles après une période d'arrêt total des exportations depuis mi-mars, selon le spécialiste en données maritimes Lloyd's List Intelligence.

Si ce navire, d'une capacité de 1 million de barils, assure son chargement, «cela enverra un signal très fort au marché» sur la reprise des exportations du pétrole libyen, a indiqué à l'AFP Michelle Bockmann, experte de Lloyd's List.

La Libye produisait 1,6 million de barils par jour d'or noir avant la crise (moins de 2% de la consommation mondiale), qu'elle vendait en grande partie vers l'Europe.

Le Brent (référence européenne sur les marchés pétroliers) est donc plus sensible à la crise libyenne que le WTI new-yorkais, sur lequel pèse l'abondance des stocks pétroliers américains.