Le géant pétrolier britannique British Petroleum poursuit sans relâche son programme de cession d'actifs destiné à solder la facture de la marée noire du golfe du Mexique, où il tente de reprendre ses activités alors que ses projets d'exploration dans l'Arctique russe sont à l'arrêt.

Près d'un an après l'explosion, le 20 avril 2010, de la plateforme Deepwater Horizon qu'il exploitait, British Petroleum continue de réunir les sommes nécessaires pour en payer les conséquences: il a annoncé lundi avoir cédé pour 680 millions de dollars une filiale américaine, ARCO Aluminum, à un consortium de 5 compagnies japonaises.

Cette société basée dans le Kentucky, qui produit des feuilles d'aluminium pour les canettes de bière, «est en bonne santé mais fait clairement partie des actifs non stratégiques de British Petroleum», a expliqué le directeur général du groupe Robert Dudley dans un communiqué.

Cette vente permet à British Petroleum de dépasser le seuil de 24 milliards d'actifs vendus depuis l'explosion de la plateforme, qui a fait 11 morts et provoqué la pire marée noire de l'histoire des États-Unis.

Le groupe se rapproche ainsi de son objectif de constituer une «cagnotte» de 30 milliards avant la fin de cette année tout en préservant les activités jugées stratégiques pour son avenir.

Il a ainsi vendu le mois dernier des dépôts d'hydrocarbures et un réseau d'oléoducs aux États-Unis pour 225 millions, et tente de se délester d'une série de gisements en mer du Nord.

Un temps menacé dans sa survie, British Petroleum est reparti parallèlement tambour battant à la conquête de nouveaux marchés, rachetant un producteur d'ethanol brésilien ou nouant des partenariats de grande envergure en Inde et en Russie.

Cette stratégie -jugée «audacieuse» par la majorité des analystes mais critiquée comme «dispersée» par quelques autres- a pu laisser croire que le groupe britannique cherchait à s'éloigner rapidement des États-Unis où son image reste très abîmée et où il pourrait faire face à des poursuites du gouvernement pour homicide involontaire.

Mais, selon la presse britannique, British Petroleum s'apprête au contraire à faire son grand retour dans le Golfe du Mexique, où il possède les droits d'exploitation d'une vingtaine de puits.

Le groupe, qui se refuse à tout commentaire sur le sujet, a reçu le feu vert des autorités pour reprendre ses forages en eaux profondes en juillet, en s'engageant à respecter des règles de sécurité renforcées, a affirmé le Sunday Times.

«Il n'y absolument pas d'accord de ce type», a toutefois démenti lundi le secrétaire américain de l'Intérieur Kenneth Salazar.

Bob Dudley aurait pourtant bien besoin de marquer un point. Car cet Américain qui a repris les rênes du groupe en octobre vient de subir un camouflet cinglant en Russie, avec le coup d'arrêt porté à ses ambitions d'explorer une immense zone de l'Arctique.

L'alliance, conclue en grande pompe en janvier avec le groupe public russe Rosneft, vient d'être bloquée par un tribunal arbitral suédois à la demande de milliardaires russes actionnaires de la coentreprise TNK-British Petroleum, qui s'estiment lésés par l'opération.

British Petroleum a néanmoins demandé à la justice, qui devrait statuer au début de cette semaine, d'autoriser l'échange de participations prévu dans l'accord initial, Rosneft devant prendre 5% du capital du britannique tandis que British Petroleum obtenait 9,5% du russe. Certains analystes s'interrogent toutefois sur l'intérêt d'une telle opération si elle ne permet pas d'aller explorer l'Arctique.

À la Bourse de Londres, le titre est resté quasi stable lundi, perdant 0,16% à 469,25 pence dans un marché en hausse de 0,12%. Il reste plus de 25% inférieur à sa valeur du 19 avril, la veille de l'explosion du Golfe du Mexique.