La réaction en chaîne provoquée par les sommets des prix du cuivre ne semble pas en voie de s'arrêter. Après le rapprochement annoncé puis annulé entre Lundin (T.LUN) et Inmet (T.IMN) et l'offre hostile d'Equinox (T.EQN)sur Lundin, voilà qu'une société chinoise s'interpose en voulant racheter Equinox pour 6,3 milliards. Sauf que les analystes estiment que le prix offert n'est pas encore assez élevé pour mettre la main sur un métal qui n'a jamais été aussi précieux.

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Minmetals Resources, cotée à la Bourse de Hong-Kong (symbole: 1208), mais contrôlée par la société d'État China Minmetals Corporation, a déposé dimanche une offre hostile pour acheter toutes les actions d'Equinox à un prix de 7$ au comptant. C'est une prime de 23% par rapport au cours de l'action du 1er avril, et de 33% par rapport à la moyenne des 20 dernières séances.

Cela fait presque deux ans que Minmetals projette d'acheter Equinox, société établie au Canada mais principalement gérée en Australie. Minemetals a déjà mis la main sur 4,2% des actions.

Or, la course au cuivre s'est intensifiée dans les dernières semaines. Depuis le début de l'année, le cuivre a atteint de nouveaux sommets et s'échangeait au prix très élevé de 4,27$US la livre hier à Londres. Avec la reprise mondiale et la demande croissante de la Chine et d'autres nouveaux géants économiques, les analystes s'attendent à une pénurie dès 2012.

Dans ce contexte, Minmetals veut acheter Equinox pour doubler son exposition au marché du cuivre, et surtout pour mettre la main sur la mine de Lumwana, en Zambie, qui produit 145 000 tonnes de cuivre par année. Sa capacité pourrait passer à 260 000 tonnes d'ici 5 ans, alors que les projets de cuivre de cette envergure sont rares.

»Cette offre n'est rien»

Sauf que Minmetals devra mettre davantage que les 7$ offerts pour acheter Equinox, estiment les analystes.

«Il faudra probablement une prime bien plus importante pour gagner l'appui du marché», soutient le gestionnaire de portefeuilles Tim Schroeders, de la firme australienne Pengana Capital. Les investisseurs semblent également s'attendre à un prix plus élevé. Le titre d'Equinox se négociait à 7,55$ en fin de séance à Toronto, un gain de 32,2%.

Pour les actionnaires à long terme d'Equinox, «l'offre de Minmetals n'est rien», affirme Huy Hoang, gestionnaire de fonds pour HDH Capital Management, firme de Singapour qui détient des actions d'Equinox. Pour lui, 9$ devrait être le point de départ.

Analyste chez UBS, Onno Rutten soutient qu'un prix de 8,30$ représenterait une évaluation juste. Il recommande et prévoit que les actionnaires d'Equinox rejettent l'offre en attendant une proposition bonifiée de la part de la société chinoise «très motivée».

Un nouveau joueur pourrait toujours entrer dans la partie. «Mais de potentiels concurrents pourraient être réticents à s'engager dans une surenchère avec des intérêts chinois aux poches profondes», soutient M. Schroeders.

Lundin laissée seule

L'offre de Minmetals réduit à peau de chagrin les chances qu'Equinox concrétise sa prise de contrôle de Lundin, dont le titre a reculé de 4% hier, à 8$. Pour que sa propre offre puisse aller de l'avant, Minmetals exige en effet aux actionnaires d'Equinox de ne pas entériner l'offre de 4,8 milliards faite à Lundin. Les actionnaires doivent se prononcer le 11 avril à ce propos. Equinox n'a pas fait de commentaires sur la proposition de Minmetals, autrement que pour indiquer que le conseil allait l'étudier.

Minmetals exige que les deux tiers des actionnaires d'Equinox appuient son offre. Le titre de Minmetals a progressé de 2,4% hier après l'annonce de l'offre d'achat. Minmetals exploite des mines de cuivre, de plomb, de métaux précieux et de bauxite. Elle se décrit aussi comme l'un des plus importants producteurs de zinc.