Alors qu'Hydro-Québec s'apprête à vendre sans condition les droits de fabrication du phosphate de fer lithié à des concurrents au Japon et à Taiwan, un géant chinois de l'automobile se dit prêt à s'installer au Québec pour avoir accès à ce matériau-clé dans la fabrication de batteries pour les voitures électriques.

Une lettre signée du président de Beijing Automotive Group, cinquième fabricant automobile chinois, a été rendue publique hier à l'Assembée nationale par le député François Rebello, qui souhaite que cette invention commercialisée sous licence par une entreprise installée dans sa circonscription, Phostech Lithium, continue de bénéficier au Québec.

«Nous avons entendu dire (...) que d'autres licences pourraient être disponibles pour au moins un autre fabricant et nous voudrions savoir si notre société peut être considérée», écrit Heyi Xu, président de Beijing Automotive Industry Holding Corporation (BAIC).

La condition imposée à Phostech Lithium, soit de fabriquer un tiers de sa production mondiale au Québec, n'embarrasse pas du tout les investisseurs chinois. «Nous pouvons vous assurer à l'avance qu'une telle condition ne serait pas un obstacle pour nous, et que ce serait encore mieux si des investisseurs du Québec veulent se joindre à nous comme associés ou partenaires minoritaires.»

La lettre a été adressée à un consultant qui a travaillé pour Hydro-Québec, qui détient les droits de fabrication du phosphate fer lithié conjointement avec l'Université de Montréal, l'Université du Texas et le Centre national de recherche scientifique de France. La lettre du président de BAIC a été portée à l'attention d'Hydro-Québec et de ses partenaires, a répondu la ministre des Ressources naturelles et de la Faune, Nathalie Normandeau, au député Rebello. «Nous allons veiller au grain», a-t-elle dit.

Avec l'accord de Phostech Lithium, le consortium s'apprête à vendre des licences à d'autres fabricants, afin d'accélérer le déploiement de cette technologie dans l'industrie des batteries pour véhicules électriques. Des transactions seraient imminentes et aucune condition de production au Québec ne sera imposée aux nouveaux acteurs. Est-ce que la vente des licences peut être bloquée? a demandé M. Rebello, qui ne voit pas comment la ministre pourra négocier avec les Chinois une fois qu'une vente sera conclue avec d'autres fabricants sans exiger aucun investissement. «Nous allons à la fois maximiser les retombées pour le Québec et nous assurer que le procédé élaboré par le consortium puisse rayonner à l'extérieur des frontières du Québec», a répondu Mme Normandeau.