Après quatre ans de crise, l'année 2010 a permis aux producteurs porcins du Québec de souffler un peu. Mais la hausse des prix des grains dresse un nouvel obstacle sur leur chemin.

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Selon les données préliminaires de la Financière agricole, les producteurs porcins ont reçu 146 millions de dollars en compensation du programme d'assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) en 2010. C'est le niveau le plus faible depuis 2005.

Entre 2006 et 2009, les producteurs ont reçu en moyenne 400 millions pour compenser des prix de marché trop faibles. Dans un bulletin publié hier, la Financière rappelle les facteurs qui ont fait perdurer la crise: l'appréciation rapide du dollar canadien, la hausse importante des coûts de l'alimentation, la crise financière mondiale (réduction de la demande pour la viande de porc) et la grippe A (H1N1), d'origine porcine.

En 2010, toutefois, les prix du porc québécois se sont maintenus au-dessus de la moyenne des cinq dernières années. Selon Jean-Guy Vincent, président de la Fédération des producteurs de porcs du Québec, la nouvelle convention de la filière porcine a quelque chose à y voir. Entrée en vigueur en septembre 2009, elle a permis aux producteurs de mettre la main sur 50 millions supplémentaires en 2010, diminuant d'autant les compensations versées par l'ASRA. Les producteurs sont désormais payés selon un prix de référence américain, ce qui est plus avantageux qu'avant.

Situation encore difficile

Mais le marché n'a pas été tendre très longtemps. Les prix du porc ont augmenté et ont été intéressants jusqu'en octobre, avant de reculer de presque 30% en octobre. En contrepartie, le coût de la moulée a augmenté de 30% d'août à février.

«On a fini l'année avec un manque de liquidités importantes», soutient Jean-Guy Vincent en soulignant que les entreprises porcines sont sorties de la dernière décennie lourdement endettées.

Certes, les prix de la viande ont fait une belle remontée depuis le début de 2011. À 155$ pour 100 kg, ils sont largement au-dessus de la moyenne des 5 dernières années pour la saison, et les prévisions sont bonnes pour les prochains mois. Mais les coûts du grain ont poursuivi sur leur lancée. «La fluctuation des prix du grain crée de l'instabilité et de l'insécurité», dit M. Vincent, qui estime que la situation des producteurs n'est pas meilleure qu'en 2009.

Les producteurs ne sont donc pas sortis du bois et l'ASRA pourrait encore leur être de bon secours en 2011. L'ASRA indemnise les producteurs quand les prix courants ne permettent pas de couvrir les coûts de production.

Le programme a été hautement mis à contribution depuis 2006, si bien que le solde des fonds d'assurance associés à l'industrie porcine était en déficit de 688 millions en 2009. Le déficit accumulé devrait diminuer à 474 millions après la bonne année 2010.

Le programme de l'ASRA est généralement financé au tiers par les producteurs et aux deux tiers par la Financière agricole. Mais, entre 2006 et 2010, les cotisations réelles des producteurs n'ont représenté que 25% des compensations. Le calcul de la prime était basé sur un historique de risque de 15 ans. Or, l'ampleur de la crise de 2006-2009 a dépassé toutes les estimations historiques.