Alors qu'il demande un effort supplémentaire à toutes ses sociétés d'État pour éliminer son déficit, le gouvernement du Québec recevra un dividende inférieur de 282 millions de dollars de la part d'Hydro-Québec, soit 13% de moins que l'an dernier.

Hydro a dû limiter ses exportations en raison de la baisse du niveau d'eau dans ses réservoirs et le prix obtenu sur les marchés d'exportation reste encore très bas. Résultat, l'année 2010 a été difficile.

Le bénéfice net de la société d'État affiche une baisse de 356 millions, ou 12%, par rapport à celui de l'an dernier, alors que ses revenus sont restés au même niveau qu'il y a un an, à 12,3 milliards.

Le dividende versé au gouvernement, qui était de 2,1 milliards l'an dernier, sera de 1,8 milliard cette année. C'est la première fois en cinq ans que le dividende est inférieur à 2 milliards.

Malgré tout, la ministre Nathalie Normandeau estime que les résultats d'Hydro sont très bons. «Si les conditions climatiques avaient été au rendez-vous, Hydro-Québec aurait fait encore mieux, a-t-elle commenté. Dans les circonstances, elle fait très très bien.»

Hydro a exporté deux fois moins que ce qu'elle avait prévu en 2010. Le prix de l'électricité sur les marchés d'exportation, qui est lié au prix du gaz naturel, est resté très bas, soit 5,4 cents le kilowattheure.

Grâce à l'utilisation de produits financiers, Hydro a pu obtenir un peu plus, soit 6,5 cents pour chaque kilowattheure exporté. C'est à peu de chose près le prix qu'elle obtient sur le marché québécois, qui a été de 6,2 cents le kilowattheure en 2010.

Hydro-Québec soutient tout de même que ses exportations sont très rentables. En tenant compte de la rentabilité des activités de courtage d'énergie, elle estime avoir obtenu 8,2 cents le kilowattheure de ses activités sur les marchés étrangers.

Selon ce calcul, les exportations ont généré 17% du bénéfice net total en 2010. Depuis trois ans, la rentabilité calculée de cette façon est en baisse. Les exportations ont généré 32% du bénéfice net d'Hydro en 2008, 22% en 2009 et seulement 17% en 2010.

Autres contributions

Même si le dividende versé au gouvernement est en baisse, Hydro-Québec reste une société très rentable, souligne l'analyste en énergie Jean-François Blain, de l'Union des consommateurs.

En plus d'un dividende, Hydro verse maintenant des redevances hydrauliques au gouvernement. En 2010, ces redevances ont été de 560 millions, a-t-il noté, ce qui fait qu'au total, l'État retire plus d'argent de sa société d'État, pas moins. C'est vrai, mais les redevances hydrauliques ne peuvent pas être utilisées par le gouvernement pour payer ses dépenses. Elles sont versées au Fonds des générations, qui doit servir à rembourser la dette accumulée par la province.

Les profits sont peut-être en baisse, mais Hydro-Québec reste une entreprise «enviablement rentable», selon l'analyste.

Hydro, de son côté, entrevoit une autre année difficile en 2011, pour les mêmes raisons qu'en 2010: l'abondance du gaz tiré des schistes maintient le prix du gaz et, par ricochet, celui de l'électricité, à des niveaux très bas, et l'apport d'eau dans ses réservoirs reste inférieur à la moyenne historique, ce qui limitera les exportations.

Hydro est toutefois consciente des besoins accrus du gouvernement et «fera tous les efforts possibles pour réaliser une contribution additionnelle» en 2011, indique le rapport annuel rendu public hier en même temps que les résultats.

Pour une fois, la société d'État ne peut pas compter sur une augmentation de tarifs pour l'aider. La Régie de l'énergie a imposé une baisse des tarifs d'électricité de 0,4% au Québec pour 2011-2012. La baisse sera en vigueur dès le 1er avril.