Les Innus de Sept-Îles ont bon espoir que le boom mondial de l'industrie du fer puisse réellement profiter à leur communauté. Les discussions avec les sociétés actives dans les régions de Fermont et Schefferville sont sur la bonne voie, estime le chef de Uashat Mak Mani-Utenam, Georges-Ernest Grégoire.

M. Grégoire était à Toronto cette semaine à l'occasion du congrès de l'Association des prospecteurs et développeurs miniers du Canada (PDAC). C'était l'occasion pour lui de rencontrer les présidents de sociétés minières, de discuter «de chef à chef».

En entrevue avec La Presse Affaires, il s'est montré très optimiste. Il a bon espoir d'annoncer dans les prochains jours des ententes formelles avec Labrador Iron Mines et l'entreprise conjointe de Tata Steel et New Millennium (Tata Steel Minerals Canada, projet DSO). Les deux groupes lanceront d'ici 2012 des mines de fer avec des productions annuelles respectives de 1,5 et 4 millions de tonnes par année dans la région de Schefferville. La communauté pourrait avoir de belles surprises, a dit un membre de la délégation innue à Toronto.

Il est question d'emplois, de contrats, d'environnement, et de retombées financières directes. Pour le chef Grégoire, c'est l'occasion de s'attaquer au taux de chômage de 70 % de sa communauté de 3800 personnes. Et de réparer les erreurs du passé.

«Auparavant, nous n'étions pas conscients que les compagnies prenaient une partie de notre territoire et faisaient beaucoup d'argent avec ça, rappelle le chef. Nous autres aussi, on doit avoir de l'argent pour arriver à vivre comme tout le monde, pour l'éducation, pour le travail.»

Tata et New Millennium ont aussi dans leurs cartons le projet Taconite et ses 22 millions de tonnes de fer par année. Le duo veut traiter le minerai à Sept-Îles, dans le secteur de Pointe-Noire, mais la communauté innue évoque le rêve d'une usine de traitement sur le territoire de la réserve. Les discussions avec les autochtones ne sont pas commencées pour le projet Taconite.

L'importance du consentement

Selon M. Grégoire, les sociétés comprennent beaucoup mieux qu'avant l'importance d'avoir l'appui des autochtones. «Avant, ils ne nous demandaient même pas la permission avant de s'installer. Aujourd'hui, on leur dit que ça prend notre consentement pour que le projet puisse se faire. L'envoi de mises en demeure dans le passé a montré aux compagnies qu'on est sérieux.»

Uashat Mak Mani-Utenam a aussi entrepris des discussions avec les minières établies depuis longtemps sur le territoire, ArcelorMittal et Rio Tinto. «Ces sociétés paient leurs taxes aux villes de Fermont, Labrador City ou Sept-Îles, note le chef Grégoire. Elles peuvent le faire aussi avec nous. Il faut en discuter.»

Dans la région de Schefferville, Labrador Iron Mines et New Millennium doivent s'entendre avec les quatre communautés qui partagent le territoire : les Innus de Sept-Îles, Schefferville et du Labrador, de même que les Naskapis de Schefferville. Le chef innu de Matimekush-Lac John (Schefferville), Réal McKenzie, était en déplacement hier. Il n'a pas été possible de le joindre. Nos appels à la communauté naskapie de Kawawachikamach sont demeurés sans réponse.