Les prix du pétrole ont de nouveau nettement progressé lundi à New York, le baril montant à son plus haut niveau depuis septembre 2008, alors que le marché restait soutenu par de violents affrontements en Libye.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en avril a terminé à 105,44 dollars, en hausse de 1,02 dollar par rapport à vendredi.

Les cours avaient déjà bondi de plus de 20% en deux semaines. Au plus fort de la journée lundi, ils ont atteint 106,95 dollars, le plus haut niveau constaté depuis le 26 septembre 2008.

À Londres, sur l'Intercontinental Exchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique est monté jusqu'à 118,50 dollars, se rapprochant de son pic du 24 février (119,24 dollars).

Il s'est cependant replié en clôture de 93 cents à 115,04 dollars.

«Tant que les combats se poursuivront entre (le régime du colonel Mouammar) Khadafi et les forces rebelles, on verra le brut orienté à la hausse, surtout que de nouveaux problèmes sont apparus pendant le week-end dans d'autres pays, comme Bahreïn et le Yémen», a prévenu Matt Smith, de Summit Energy

Les forces loyales au colonel Mouammar Kadhafi ont lancé de nouveaux raids aériens pour contrer l'insurrection qui secoue le pays depuis trois semaines, visant notamment le port pétrolier de Ras Lanouf.

Cette ville, «qui dispose d'environ 200 000 barils dans son terminal, abrite aussi la plus grande raffinerie du pays, d'une capacité de production de 220 000 barils par jour», a expliqué Mike Fitzpatrick, de Kilduff Report.

«La situation en Libye évolue avec des combats plus violents, et ce qui semble être au moins une consolidation des positions du gouvernement», ont estimé les analystes de Barclays Capital.

«Même si le gouvernement sort vainqueur du conflit, il est improbable que le pétrole libyen ait le même accès aux marchés qu'avant, vu les réactions probables en Europe et ailleurs», ont-ils poursuivi.

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) avait estimé jeudi que les pertes de la production libyenne représentaient de 850 000 à 1 million de barils par jour, soit plus de la moitié de la production du pays et environ 1% de la consommation mondiale.

«C'est une semaine effrayante qui s'ouvre pour le marché pétrolier», a résumé Phil Flynn, de PFG Best.

«Ce que le marché nous dit clairement, c'est qu'il ne pense pas que la situation sera résolue rapidement», a-t-il ajouté.

«On sait que les raffineurs européens peinent à s'approvisionner en raison de la perte d'offre en Libye et le marché est très inquiet que ce genre de situation ne touche d'autres pays. Vendredi, des manifestations sont prévues en Arabie Saoudite, et on assiste à des manifestations dans de nombreux pays de la région», a-t-il ajouté.

Des milliers de gardes communaux ont manifesté lundi en Algérie, membre comme l'Arabie Saoudite de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).

À Oman, le sultan, confronté à des manifestations quotidiennes, a décidé de remanier profondément son gouvernement.

Au Yémen, l'opposition s'était déclarée dimanche déterminée à évincer le président Ali Abdallah Saleh, tandis qu'à Bahreïn, des milliers de manifestants demandaient la démission du Premier ministre, en poste depuis 1971.

La Maison Blanche a indiqué que les Etats-Unis n'excluaient pas de puiser dans leurs réserves stratégiques d'hydrocarbures pour endiguer la flambée des prix de l'or noir.