Les prix alimentaires mondiaux ont atteint un nouveau record historique en février et le bond soudain des prix du pétrole en raison de la crise libyenne risque de rendre la situation encore plus difficile.

Les prix alimentaires mondiaux ont atteint un nouveau record en février, pour le huitième mois de suite, selon l'indice des prix de l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), publié jeudi à Rome.

Les prix ont augmenté de 2,2% par rapport à janvier pour atteindre 236 points, «le plus haut niveau depuis que la FAO a commencé à mesurer les prix alimentaires en 1990», a indiqué l'organisation onusienne dans un communiqué.

Et selon David Hallam, directeur de la Division du commerce et des marchés à la FAO, «des hausses inattendues des cours du pétrole pourraient exacerber davantage la situation déjà précaire des marchés alimentaires».

«Cela accroît encore plus l'incertitude quant aux perspectives des prix alimentaires, et ce, au moment où la saison des semis dans certaines des principales régions de culture est sur le point de commencer», a ajouté le dirigeant de la FAO.

Mercredi, les prix du pétrole se sont une nouvelle fois envolés à New York, terminant à plus de 102$ US le baril, alors que les affrontements se poursuivaient entre l'opposition et le pouvoir en Libye.

Le colonel Mouammar Kadhafi, qui s'accroche au pouvoir, a promis des milliers de morts en cas d'intervention des Occidentaux et a envoyé troupes et avions de chasse dans l'est contrôlé par les insurgés.

Selon l'indice de la FAO, à l'exception du sucre, tous les produits alimentaires ont vu leurs prix augmenter en février «plus spécialement les produits laitiers et les céréales».

L'indice FAO des prix des céréales, qui inclut les prix des principales denrées alimentaires de base, notamment le blé, le riz et le maïs, a augmenté de 3,7% en février, à 254 points, soit son plus haut niveau depuis juillet 2008.

La hausse des prix alimentaires, qui a débuté pendant l'été 2010, fait craindre l'éclosion d'«émeutes de la faim», comme celles qui avaient éclaté en 2008 dans de nombreux pays africains, mais aussi en Haïti et aux Philippines, après que les cours des céréales eurent atteint des records historiques.

La FAO a indiqué s'attendre à «un resserrement de l'offre et de la demande mondiales de céréales en 2010-11».

«Face à une demande croissante et au déclin de la production céréalière mondiale en 2010, on s'attend à une chute brutale des stocks céréaliers mondiaux du fait de la diminution des quantités de blé et de céréales secondaires», a averti l'agence onusienne.

«Les cours internationaux des céréales ont accusé de fortes hausses, les prix à l'exportation des principales céréales ayant augmenté d'au moins 70% depuis février 2010», a-t-elle rappelé.

Selon les dernières estimations de la FAO, «la production céréalière mondiale en 2010 est supérieure de 8 millions de tonnes à ce qui avait été anticipé en décembre dernier, mais elle reste légèrement inférieure à celle de 2009».

Les estimations sur «l'utilisation de céréales mondiale en 2010-11 ont été révisées à la hausse de 18 millions de tonnes depuis décembre dernier», essentiellement en raison de l'«utilisation accrue du maïs pour la production d'éthanol aux États-Unis».