Malgré l'appel lancé par la ministre des Ressources naturelles Nathalie Normandeau, la société Pétrolia (V.PEA) a décidé que son entente avec Hydro-Québec restera secrète. On ne pourra donc connaître la valeur des redevances obtenues par la société d'État en échange des droits pétroliers sur l'île d'Anticosti.

Devant les actionnaires réunis en assemblée vendredi à Québec, le président de Pétrolia, André Proulx, a affirmé que «les dispositions de l'entente sont protégées par une clause de confidentialité et doivent le demeurer».

«On a acheté (les droits pétroliers). On a payé ce qu'on avait à payer. Ça nous appartient à nous autres», a-t-il dit aux journalistes. «Laissez-nous donc trouver du pétrole, après ça vous commencerez à compter combien il va rentrer dans chacune des poches des Québécois.» Selon lui, «une société commerciale n'a pas à participer à des débats de nature politique».

«Nous avons vu à obtenir le maximum pour nos actionnaires. Hydro-Québec a certainement fait la même chose pour son seul actionnaire, le gouvernement», a-t-il dit à l'assemblée.

Depuis la semaine dernière, le Parti québécois demande au gouvernement Charest de rendre publique l'entente, soupçonnant que le potentiel en hydrocarbures de l'île d'Anticosti a été «vendu au rabais». Il veut connaître la valeur des redevances que l'État percevrait en cas d'extraction du pétrole.

Après avoir affirmé que cette information est confidentielle, Nathalie Normandeau a fait volte-face et a demandé à Hydro-Québec de «rendre public tout ce qui peut être rendu public» dans l'entente intervenue en 2008. Elle s'est entretenue avec M. Proulx pour lui dire qu'elle souhaite que l'entente soit dévoilée. Hydro-Québec a fait savoir qu'elle peut la rendre publique seulement si l'entreprise de Rimouski est d'accord.

Or, au cours d'une réunion jeudi soir, le conseil d'administration de Pétrolia a décidé de dire non. «Faites donc confiance à Hydro-Québec. Ils ont dû négocier des bons termes», a affirmé André Proulx. «Comme certains aiment bien le prétendre, je ne crois pas que l'éléphant se soit fait bouffer aussi facilement par la souris que nous sommes.»

Pour le critique du Parti québécois en matière d'énergie, Sylvain Gaudreault, «l'entente ne peut demeurer secrète» et Nathalie Normandeau «doit respecter son engagement».

La ministre des Ressources naturelles dit n'avoir aucun recours pour forcer la divulgation de l'entente. «Je suis déçue parce que j'aurais souhaité qu'elle soit rendue publique», a-t-elle affirmé. «Dans un contexte où c'est un acteur québécois, j'aurais souhaité compter sur la bonne collaboration de Pétrolia pour qu'on puisse informer les Québécois. Cela étant, elle est dans son droit de refuser de rendre publique l'entente. Elle contient des informations commerciales et stratégiques.» Elle entend «voir avec Hydro-Québec s'il y a des éléments de l'entente qui peuvent être rendus publics», des éléments qui ne seraient pas soumis à la clause de confidentialité.

Pétrolia retient l'attention depuis qu'elle a publié, le 9 février, un communiqué sur les «résultats encourageants des analyses» faites sur une carotte prélevée à l'île d'Anticosti à l'été 2010. André Proulx a déclaré que, selon Shell, l'île pourrait contenir 30 milliards de barils de pétrole. La valeur de l'action de Pétrolia a triplé depuis. M. Proulx n' a pas donné de chiffres sur le potentiel de l'île d'Anticosti, précisant que ceux-ci doivent d'abord être «validés par des spécialistes indépendants». «Ce qu'on peut dire, c'est que le potentiel est important, probablement pas autant que certains l'ont proclamé. Mais du pétrole il y en a sur Anticosti, il y en a même beaucoup, et même très beaucoup. Il restera à vérifier si on peut le récupérer et dans quelle proportion.»