Le marché du pétrole est actuellement suffisamment approvisionné, et ne nécessite pas d'intervention de la part des pays producteurs en dépit de l'envolée récente des cours, a assuré lundi à Ryad un haut officiel saoudien.

«Nous regardons avant tout si l'équilibre du marché entre l'offre et la demande est respecté. Or, est-ce que le marché actuel est suffisamment approvisionné? Nous pensons que oui», a indiqué le prince Abdelaziz ben Salman ben Abdelaziz, un des plus hauts responsables du Ministère saoudien du pétrole.

«Est-ce que nous pensons que le marché nécessite une intervention (via un accroissement de l'offre des pays producteurs)? La réponse est non», a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse, notant que les stocks de brut des pays consommateurs restaient «confortables».

Les cours du Brent évoluent à Londres à des niveaux plus vus depuis plus de deux ans, grimpant lundi au-dessus des 105 $ le baril, portés par les inquiétudes persistantes sur les mouvements de contestation au Moyen-Orient après une flambée de violence en Libye.

Le prince Abdelaziz a cependant reconnu que le niveau actuel des cours du brut était supérieur à la fourchette de prix jugée satisfaisante par l'Arabie saoudite. «Des cours entre 70 et 80 $ sont un niveau juste, satisfaisant à la fois pour les consommateurs et pour les producteurs, qui peuvent investir», a-t-il fait valoir.

L'Arabie saoudite, gendarme et principal producteur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), accueille mardi une réunion ministérielle du Forum international de l'Energie, rassemblant les principaux pays consommateurs et producteurs de la planète.

Le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, avait toutefois affirmé le 24 janvier que les pays de l'Opep pourraient augmenter leur production au cours de l'année 2011, afin de «répondre à une demande mondiale en hausse».

Autre son de cloche

La hausse des cours du pétrole ces dernières semaines est nourrie par des déséquilibres entre l'offre et la demande, a estimé lundi le cabinet CGES, qui encourage l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à agir en augmentant sa production.

«Les troubles au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ont accentué les inquiétudes sur la pérennité de l'offre, mais la hausse des prix est ancrée dans des déséquilibres profonds» entre l'offre et la demande mondiales, ont observé les analystes du Centre for Global Energy Studies (CGES).

Selon l'Opep, les cours du brut ont franchi fin janvier le seuil de 100 dollars, pour la première fois depuis l'automne 2008, poussés par les inquiétudes des investisseurs sur l'impact des mouvements de protestation contre les régimes autoritaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient sur les approvisionnements d'or noir, une vision que le CGES ne partage pas.

En effet, le cabinet londonien considère que les prix sont soutenus par une chute des stocks mondiaux d'hydrocarbures, alors qu'«un bond inattendu de la demande au cours du second semestre (2010) n'a pas été accompagné par une hausse de la production».

Pour certains membres du cartel basé à Vienne, un cours à 120 dollars le baril serait désormais un prix juste et n'entraînerait pas automatiquement une hausse de la production, a relevé le CGES.

Le cabinet considère pour sa part, que «contrairement à l'opinion viennoise, le monde a besoin de plus de pétrole de l'Opep».

«L'Opep semble ne pas être conscient du fait que les prix élevés du pétrole risquent de faire dérailler la reprise économique mondiale et de saper la demande future pour son propre» or noir, s'est inquiété le cabinet, pour qui le cartel se montre toujours plus prompt à agir pour freiner une baisse que pour enrayer une hausse des cours.

Mais certains pays bénéficient tout de même toujours d'une offre surabondante, a admis le CGES, comme les Etats-Unis, où le prix du pétrole peine à accrocher les 90 dollars le baril, du fait notamment des réserves, proches de la saturation, de Cushing (Oklahoma, sud), principal centre de stockage du pays.