Des centaines de milliards de dollars vont échapper aux Québécois à cause de la décision du gouvernement Charest de céder au privé la prospection pétrolière, a soutenu jeudi le Parti québécois.

La valeur du pétrole enfoui dans la roche de l'île d'Anticosti pourrait atteindre, au bas mot, 240 milliards, a affirmé la chef du Parti québécois, Pauline Marois, à l'Assemblée nationale, citant les calculs sommaires effectués par le président de la société Pétrolia, André Proulx.

«C'est ça qu'on perd», s'est écriée Mme Marois au cours de la période de questions.

Plutôt que d'enrichir la collectivité, la manne pétrolière de l'île d'Anticosti ira gonfler les profits du secteur privé, a-t-elle dénoncé.

Mme Marois accuse le gouvernement libéral d'avoir «vendu à rabais» au secteur privé les ressources pétrolières du Québec après avoir mis fin aux activités de la division Pétrole et gaz d'Hydro-Québec au milieu des années 2000.

La société Pétrolia, basée à Rimouski, a en partie comblé le vide en mettant la main, en 2008, sur les droits de prospection que détenait Hydro-Québec sur l'île d'Anticosti.

En Chambre, pour une troisième journée consécutive, l'opposition officielle a exigé que le gouvernement rende publics les termes de l'entente conclue entre Pétrolia et Hydro-Québec.

«La question est tellement simple: Où sont les ententes? Pour qui travaillent le gouvernement et la ministre des Ressources naturelles? Pour Pétrolia ou pour les Québécois?», a martelé la chef du PQ.

L'opposition veut notamment connaître la hauteur des redevances et des royautés qui seront versées au Québec si jamais la pétrolière québécoise extrait de l'or noir des profondeurs de l'île.

Après s'être fait tirer l'oreille, la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, a finalement consenti, mercredi, à rendre les documents publics «au cours des prochaines semaines».

Mme Normandeau ne cesse de répéter que le gouvernement a misé juste en retirant Hydro-Québec d'un secteur aussi risqué financièrement que celui de l'exploration pétrolière.

En signant des ententes avec des sociétés privées, le gouvernement veut s'assurer de retirer «le maximum de bénéfices avec le minimum de risques», a dit la ministre.

Plus tard en conférence de presse, la chef péquiste est revenue à la charge, cette fois pour réitérer l'engagement de son parti à fixer à 50 pour cent la ristourne sur l'exploitation des ressources non renouvelables.

«Cela peut se faire de multiples façons: par le biais de la mise aux enchères des permis, des profits de l'entreprise, de la participation de l'État, des redevances. Mais l'important, en bout de piste, c'est que 50 pour cent au moins de la richesse créée revienne aux Québécois», a expliqué Mme Marois.