Malgré les apparences, les entreprises Florida Light & Power et Électricité de France ont des intérêts communs. Elles sont récemment devenues les uniques actionnaires de plusieurs parcs éoliens sous contrats avec Hydro-Québec.

Sans tambour ni trompette, Florida Light & Power vient d'acquérir de Northland Power le projet éolien de Mont Miller, près de Murdochville, qui fournira de l'électricité à Hydro-Québec jusqu'en 2026.

L'entreprise américaine, par sa filiale NextEra Energy Resources, était déjà propriétaire du projet voisin de Mont Copper, acquis en 2004 et bénéficiant aussi d'un contrat à long terme avec Hydro.

Dans une transaction annoncée la semaine dernière, Électricité de France a racheté la part de son partenaire britannique RES Canada dans Saint-Laurent Énergies, qui pilote sept projets éoliens retenus par Hydro-Québec lors de son deuxième appel d'offres en 2008. Saint-Laurent Énergies avait obtenu la part du lion de cet appel d'offres, soit 1003,2 mégawatts sur le total de 2000. Le seul partenaire québécois de Saint-Laurent Énergies, Hydroméga, avait revendu sa participation minoritaire à ses deux plus gros partenaires l'an dernier. Électricité de France est donc devenue seul maître à bord en rachetant RES Canada. Combien vaut un parc éolien assorti d'un contrat d'achat d'électricité de plus de 20 ans avec Hydro-Québec? Les termes financiers de ces transactions n'ont pas été rendus publics, parce que les entreprises en cause sont privées.

Ces transactions soulèvent d'autres questions, selon le député du Parti québécois de Jonquière, Sylvain Gaudreault.

Il se demande pourquoi le vent québécois intéresse Florida Light & Power et Électricité de France, mais pas Hydro-Québec, qui a laissé l'exploitation de cette industrie au privé.

«Comme c'était le cas avant la nationalisation de l'électricité, on laisse partir les profits de l'industrie à l'étranger», déplore-t-il. Selon lui, le Québec ne retirera pas grand-chose du développement éolien puisque les fabricants de turbines sont tous étrangers.

Le député estime qu'Hydro-Québec, qui doit donner son accord lorsqu'un parc éolien change de propriétaires, devrait exiger que tous les parcs éoliens soient détenus au moins en partie par des intérêts québécois, pour qu'au moins une partie des profits de la production d'énergie reste au Québec.

Hydro-Québec, de son côté, a déjà donné sa bénédiction aux changements survenus dans la structure de propriété des parcs éoliens.

Selon son porte-parole, Guy Litalien, la société ne s'intéresse pas à la nationalité des actionnaires des parcs éoliens, mais uniquement à leur capacité de respecter les termes du contrat acceptés par leurs anciens propriétaires. «Ce qu'on recherche, c'est les électrons», a-t-il résumé. Hydro exige toutefois que les entreprises qui développent les parcs éoliens aient un établissement au Québec.

Depuis le début du développement éolien, six transactions concernant onze parcs éoliens ont été signalées à Hydro-Québec.

Avec l'appel d'offres adressé spécialement aux communautés régionales et autochtones, Hydro-Québec a mis fin à son programme d'achat d'énergie éolienne. Aucun autre appel d'offres n'est envisagé pour le moment.

Selon Sylvain Gaudreault, il n'est pas trop tard pour repenser le rôle d'Hydro-Québec pour le développement éolien à venir dans le Nord du Québec.

«Le Plan Nord prévoit un énorme potentiel éolien, de l'ordre de 4 millions de mégawatts. On veut faire quoi avec notre énergie, il faut se poser la question», estime-t-il.