L'acquisition récente de la Consolidated Thompson par l'américaine Cliffs Resources moyennant 4,9 milliards de dollars est l'exemple le plus récent d'une longue liste de fusions et acquisitions qui ont, pour cible, des sociétés minières et énergétiques canadiennes cotées à la Bourse de Toronto et, pour prédateurs, des intérêts étrangers.

Le rapprochement proposé des parquets londonien et torontois pourrait activer davantage le mouvement de fusions et acquisitions dans le secteur des matières premières. Le nombre de ces sociétés, petites, moyennes et grandes, cotées à Toronto, est élevé. En outre, le Canada est réputé pour ne s'opposer que très rarement à une prise de contrôle de son sous-sol par des étrangers.

Le refus d'avaliser la vente de PotashCorp à l'anglo-australienne BHP Billiton fait figure d'exception.

Ces dernières années, beaucoup d'entreprises minières et énergétiques sont passées sous maîtrise étrangère.

On pense d'emblée à UTS, cette société d'exploration des sables bitumineux acquise l'automne dernier par la pétrolière française Total moyennant 1,15 milliard, en espèces.

La vente d'Inco et de Falconbridge, les deux fleurons canadiens du nickel, a ravivé un certain nationalisme économique qui a peut-être permis de bloquer l'achat de PotashCorp.

L'attrait des sociétés minières reflète la rapide appréciation de leurs actions. Ces entreprises profitent grandement du boom des biens de base amorcé au début du millénaire.

Cette poussée est appelée à se poursuivre, étant donné la demande toujours plus grande des économies émergentes.

On comprend mieux l'acquisition de Consolidated Thompson, qui produit du minerai de fer sur la Côte-Nord, si on a à l'esprit que la production mondiale de fer a augmenté en 2010 de 15% sur 2009.

Ce bond ne s'explique pas par une reprise après la récession de 2009. Il faut plutôt regarder du côté de la Chine pour comprendre. En 2009, la Chine a importé 627 millions de tonnes de fer, soit 41% de plus qu'en 2008.

Il n'est pas surprenant que son prix grimpe depuis 2004 après des années de stagnation.

Selon Don Coxe, président de Coxe Advisers LLP qui vient de signer une vaste analyse intitulée The Metals Take Center Stage (Les métaux occupent l'avant-scène), la donne a changé. Durant longtemps, les économies occidentales recyclaient l'acier. Les ferrailleurs concurrençaient les extracteurs.

Aujourd'hui, les ferrailleurs peinent à s'approvisionner.

Voilà qui explique pourquoi la société indienne ArcelorMittal, premier sidérurgiste au monde qui a avalé Baffinland Iron Ore, un gisement encore vierge et difficile d'accès. «La transformation des économies asiatiques signifie que la demande globale d'acier va continuer d'exercer des pressions sur le minerai de fer disponible», prédit Don Coxe.

Il en va de même pour le cuivre, dont le prix vient d'atteindre un sommet historique.

La demande d'or pourrait aussi demeurer soutenue, même si sa poussée récente était associée aux craintes des investisseurs nourries par la récente récession et la reprise longtemps chancelante.

L'an dernier, l'Industrial and Commercial Bank of China, première banque du monde selon la valeur de l'actif (Citi a glissé au sixième rang), a conclu une entente avec le World Gold Council pour permettre aux épargnants chinois d'acheter de l'or métal en petites quantités plutôt que de laisser dormir leur argent dans des certificats de dépôt. En trois mois, le Programme d'accumulation d'or a vendu 10 tonnes du métal jaune, selon Don Coxe.

Quelques données sur les métaux en 2010

Achats d'or par l'industrie joaillière: 1468 tonnes (+18%)

Production mondiale d'acier: 1,4 milliard de tonnes (+15%)

Demande mondiale de terres rares: 134 000 tonnes

Production mondiale: 124 000 tonnes