Les technologies propres se préparent à révolutionner le monde. Tant mieux, mais en attendant, ce qui se passe dans la vraie vie n'a rien de réjouissant. L'utilisation du combustible le plus vilipendé et le plus nocif de la planète continue d'augmenter plus vite que celle de toutes les autres sources d'énergie.

L'affreux, sale et méchant charbon se vend bien et son prix augmente avec la demande croissante. La place qu'occupe le charbon dans la consommation mondiale d'énergie est à la hausse.

De 26,4% qu'elle était en 2003, la part du charbon dans le bilan énergétique mondial a grimpé à 29,4% en 2009, son plus haut niveau depuis 40 ans, selon Bloomberg. Après le pétrole, le charbon est la source d'énergie la plus utilisée dans le monde.

Comme pour le pétrole, les consommateurs les plus gourmands sont maintenant les pays émergents, dont la croissance n'a été que très peu ralentie par la récession.

Les importations de charbon de la Chine ont augmenté de 41% l'an dernier, et les achats de l'Inde ont grimpé de 25%.

Les pays plus industrialisés continuent aussi de consommer du charbon en masse pour se chauffer, produire de l'électricité et fabriquer de l'acier. Aux États-Unis, 50% de l'électricité est toujours produite à partir de charbon.

Même si le groupe environnementaliste Sierra Club a réussi récemment à faire dérailler une centaine de projets de centrales électriques au charbon aux États-Unis, la consommation américaine de charbon a augmenté de 75 millions de tonnes l'an dernier. Et ce, même si l'économie tourne encore au ralenti.

Au Canada, l'électricité de la Saskatchewan est produite avec du charbon, de même qu'une partie de celle consommée en Ontario, qui ne se débarrassera complètement du charbon qu'en 2014.

Bref, la consommation augmente en Asie et ne diminue pas ailleurs dans le monde. Le ministère américain de l'Énergie prévoit même que la consommation mondiale de charbon augmentera de 58% d'ici à 2035.

Efficace et peu coûteux

Les producteurs de charbon font déjà la fête. Le géant américain Peabody vient de rapporter que ses profits ont plus que doublé au dernier trimestre, grâce à la hausse de la consommation et à l'augmentation des prix.

Le président de l'entreprise, Gregory Boyce, prédit même un nouvel âge d'or pour le charbon, à mesure que les besoins en énergie des pays émergents augmenteront et que le pétrole se fera plus rare et plus cher.

Il risque d'avoir raison. Le charbon bénéficie d'un avantage qui bat tous les discours environnementalistes: son prix. Il est la source d'énergie la plus efficace et la moins chère de la planète.

Pour faire de l'électricité, le charbon coûte encore moins cher que le gaz naturel et il est infiniment plus économique que l'éolien et le solaire.

Même si les pays occidentaux se dotent d'une réglementation plus sévère sur les émissions de gaz à effet de serre et que l'utilisation du charbon diminue chez eux, ça n'empêchera pas les sociétés minières aux États-Unis, en Australie ou ailleurs d'extraire le charbon des mines et de le vendre aux pays qui ont d'énormes besoins en énergie.

Il y a encore deux milliards de personnes sur la Terre qui n'ont pas accès à l'électricité. Les producteurs de charbon comme Peabody n'ont d'ailleurs pas peur d'utiliser l'argument humanitaire pour plaider leur cause.

Au nom de quoi les pays les plus industrialisés empêcheraient-ils les autres de se développer en leur interdisant d'utiliser la source d'énergie la plus fiable et la moins coûteuse pour produire de l'électricité? a demandé Gregory Boyce à Montréal, lors du Congrès mondial de l'énergie.

Bonne question, tout de même. À laquelle tout le monde devrait chercher une réponse si on veut vraiment remplacer le charbon par une source d'énergie plus propre. Quelqu'un a-t-il des solutions?