Perdre un important client peut devenir une bonne nouvelle pour Hydro-Québec, particulièrement la journée la plus froide de l'année, alors que son réseau peine à répondre à une demande record.

Hier, les gestionnaires du Village olympique ont fait savoir que le gaz naturel remplacera l'électricité pour le chauffage de l'espace et de l'eau dans les 1000 logements des pyramides.

La conversion permettra de faire baisser la facture de chauffage de 65 350$ par année, estime Kevor Meterissian, de la société de gestion Cogir.

Construits en 1976 pour loger les athlètes des Jeux de Montréal, les deux bâtiments de 23 étages abritent aujourd'hui des logements et des locaux commerciaux. Le système de chauffage à eau chaude à l'électricité ne suffisait plus aux besoins des locataires et son coût d'entretien était à la hausse.

Le Village olympique a reçu de l'aide financière représentant 40% du coût de conversion du système de chauffage, ce qui permet de récupérer l'investissement nécessaire pour l'achat et l'installation des nouveaux équipements en trois ans. L'aide est venue du Plan global en efficacité énergétique et de Gaz Métro, qui accorde un rabais à ses plus gros clients.

Le Village olympique est une prise importante pour Gaz Métro, qui veut accroître sa part du marché commercial et industriel.«On est à la recherche de gros clients», précise le directeur des ventes et comptes majeurs de l'entreprise, Patrick Mekhaël.

Selon lui, Gaz Métro a environ 18% du marché commercial et industriel et le potentiel de croissance est important. Les économies que ce type de clients peut réaliser comparativement à l'électricité sont très importantes et augmentent avec le volume de consommation.

Ainsi, un client qui consomme 15 000 mètres cubes de gaz naturel a payé l'an dernier 28% de moins que s'il utilisait de l'électricité. À 100 000 mètres cubes par année, l'économie est de 33% et elle atteint 47% lorsque la consommation est de 1 million de mètres cubes.

Les prix actuels du gaz naturel, qui sont à leur niveau le plus bas depuis huit ans, font que cette source d'énergie est actuellement la moins chère pour la chauffe. C'est vrai pour tous les types de clients, mais particulièrement pour le marché commercial et industriel.

«Il est illogique d'utiliser encore l'huile à chauffage ou l'électricité là où le gaz naturel est disponible», assure Patrick Mekhaël.

Demande record

Gaz Métro a 282 000 clients au Québec, tous marchés confondus. Hier, alors que son réseau a été fortement sollicité à cause du froid, Hydro-Québec aurait peut-être aimé que le gaz naturel soit encore plus utilisé pour le chauffage.

La demande d'électricité a atteint hier matin un nouveau record historique, à 38 200 mégawatts. C'est 1200 mégawatts de plus que ce qu'avait prévu Hydro l'automne dernier.

Pour satisfaire cette demande, Hydro a dû acheter une quantité d'énergie non précisée sur les marchés voisins et demander le concours des grandes entreprises, qui peuvent retourner sur le réseau une partie de leur électricité en cas de besoin.

Rio Tinto Alcan, par exemple, a été appelée à la rescousse hier matin, hier midi et en soirée, a indiqué son porte-parole, Brian Tucker.«Ces échanges de puissance permettent d'aider Hydro-Québec sans nuire aux activités de Rio Tinto Alcan», a-t-il fait savoir.

Les centrales d'urgence au mazout et au gaz naturel, comme celles de Sorel-Tracy, la Citière et Cadillac, n'ont pas été mises à contribution.«Ce sont des outils de gestion qu'on pourrait utiliser, mais qui n'ont pas été nécessaires», a fait savoir la porte-parole d'Hydro, Isabelle Thellen.

En fin de journée hier, la société d'État s'attendait à ce que la demande totale d'électricité diminue à 37 100 mégawatts en soirée et à 36 000 mégawatts ce matin.