Au lendemain de l'acquisition annoncée de Consolidated Thompson (T.CLM), le fer québécois et canadien a volé la vedette en Bourse mercredi. Les titres de plusieurs petites minières ont bondi, certains de près de 30%. Les investisseurs se doutent bien que d'autres entreprises du secteur seront ciblées tôt ou tard. Le monde a soif d'acier, le Canada a du fer.

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La Chine et l'Inde ont besoin d'une quantité énorme d'acier pour nourrir leur croissance. «Et avec la reprise de l'économie et de la production industrielle aux États-Unis ou ailleurs, la demande continuera d'augmenter», soutient Bart Melek, stratège en ressources globales chez BMO.

Sauf qu'il n'y a pas d'offre de trop dans le marché. L'équilibre est déjà précaire. La compétition pour la ressource devient de plus en plus féroce.

«Les gros acteurs du secteur du fer regardent tous pour des sources additionnelles de minerai, observe John Kaiser, auteur de la lettre financière Kaiser Bottom Fish, dans une entrevue téléphonique. C'est intéressant à suivre, particulièrement pour le Québec.»

Selon M. Kaiser, il faut principalement surveiller Champion Minerals [[|ticker sym='T.CHM'|]], qui serait la plus propice à être la cible d'une prise de contrôle. La société torontoise possède plusieurs propriétés clés dans les environs de Fermont, non loin des mines de Consolidated Thompson et d'ArcelorMittal. Le titre de Champion a bondi de 14,6% mercredi pour clôturer à 2,98$.

Dans la même région, mais du côté du Labrador, Alderon Resources attire aussi l'attention des investisseurs. Son titre [[|ticker sym='T.ADV'|]] a gagné 13,6%, à 3,50$, au TSX-Croissance.

Plus au nord, dans la région de Schefferville, Labrador Iron Mines [[|ticker sym='T.LIM'|]] s'apprête à entrer en production et New Millenium Capital [[|ticker sym='V.NML'|]] devrait suivre avec une première mine en 2012.

Le groupe indien Tata Steel, partenaire de New Millenium dans cette mine, est aussi en discussion avec la junior pour deux mégaprojets aux réserves de 5,6 milliards de tonnes, des deux côtés de la frontière Québec-Labrador. Tata veut sécuriser son approvisionnement pour ses aciéries européennes.

Les titres de LIM (13,40$) et NML (3,30$) ont respectivement grimpé de 13,6 et 26,4% mercredi.

Les Chinois dans la course

Les Chinois sont également dans la course au minerai de fer pour alimenter leurs usines. Ce n'est pas pour rien que WISCO, troisième aciériste chinois, est le principal partenaire de Consolidated Thompson.

Mercredi, un officiel du ministère chinois des Ressources naturelles a confirmé à l'agence Bloomberg qu'une société chinoise est dans la course pour acheter la canadienne Baffinland Iron Mines (BIM).

Baffinland développe dans l'Arctique canadien le projet de Mary River, qui pourrait générer 18 millions de tonnes de fer par année. Pour l'instant, deux groupes ont déposé une offre pour acheter la petite minière et son grand projet.

ArcelorMittal offre 1,40$ l'action, 5 cents de moins que Nunavut Iron Ore Acquisition, une société appuyée par un fonds d'investissement américain. Mercredi, le titre de Baffinland a atteint 1,51$ à la clôture, en hausse de 4%. Les investisseurs s'attendent à une meilleure offre, qu'elle vienne des deux belligérants ou des Chinois. Le prix du minerai de fer, largement déterminé par les trois plus grands producteurs que sont Vale, BHP Billiton et Rio Tinto, a doublé dans les deux dernières années.

«On voit des prix extrêmement forts, explique Bart Melek à La Presse Affaires. Le prix spot de Singapour est de 175$US la tonne, bien au-delà des coûts des producteurs et bien loin de la moyenne historique de 50 à 60$US la tonne.»